Encyclopédie de la Nutrition - IVIS

1 - Évaluation du statut nutritionnel du chien cancéreux Bien que cela ne soit pas l’objet de ce chapitre, le chien souffrant d’une affection tumorale...

24 downloads 208 Views 2MB Size
Close window to return to IVIS

Encyclopédie de la

Nutrition Clinique Canine Pascale Pibot

Vincent Biourge

Responsable des Responsable des Éditions Scientifiques, Programmes de Recherche Communication, en Nutrition, Centre de Groupe Royal Canin Recherche Royal Canin

Denise Elliott

Directrice de Communication Scientifique, Royal Canin USA

Ce livre est reproduit sur le site d'IVIS avec l'autorisation de Royal Canin. IVIS remercie Royal Canin pour son soutien.

Joseph J. WAKSHLAG BS, MS, DVM, PhD

Francis A. KALLFELZ BS, DVM, PhD, Dipl ACVN

Statut nutritionnel du chien cancéreux : évaluation et recommandations diététiques

Questions fréquemment posées à propos de l’alimentation des chiens cancéreux . . . . . . . . 445 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 446 Exemples de rations ménagères adaptées au traitement de la cachexie cancéreuse . . . . . . . 448 Informations nutritionnelles Royal Canin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 450

433

Cancer/Cachexie

1 - Évaluation du statut nutritionnel du chien cancéreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435 2 - Le rôle de la nutrition dans le cancer et la cachexie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 436 3 - Recommandations nutritionnelles pour les affections tumorales et la cachexie . . . . . . . . 439 4 - Supplémentation nutritionnelle pendant un traitement anticancéreux . . . . . . . . . . . . . . . 444

Statut nutritionnel du chien cancéreux : évaluation et recommandations diététiques Joseph J. Wakshlag BS, MS, DVM, PhD Joseph Wakshlag est titulaire d’un diplôme BS et MS de l’Université de Montclair et d’un Doctorat de Médecine vétérinaire du Collège de Médecine vétérinaire de l’Université de Cornell. Il vient d’obtenir un Ph D en pharmacologie, et s’occupe également de la formation des Résidents en Nutrition vétérinaire. Ses recherches portent notamment sur les mécanismes de la fonte musculaire chez le chien et le chat, et sur le métabolisme des acides aminés et des acides gras lors de processus néoplasique. En plus de son cursus universitaire, il étudie quotidiennement le métabolisme du chien de sport dans son chenil de chiens de traîneau qu’il entraîne pour des courses de vitesse.

Francis A. Kallfelz BS, DVM, PhD, Dip ACVN Francis Kallfez est diplômé du Collège de Médecine vétérinaire de l’Université de Cornell depuis 1962. Il poursuit des études sur le métabolisme du calcium et obtient un Ph D de Physiologie en 1966. Il est ensuite nommé Membre de la Faculté des Sciences cliniques du Collège de Médecine vétérinaire de Cornell. De 1986 à 1997, il exerce les fonctions de Directeur des cliniques. En parallèle, il s’implique intensément dans l’élaboration de la Charte du Collège américain de Nutrition vétérinaire, créé en 1988. Il occupe actuellement la chaire James Law de Nutrition au département des Sciences cliniques. Il a consacré une grande partie de sa carrière à la recherche sur le métabolisme et l’absorption du calcium, du phosphore, du magnésium et de la vitamine D. Plus récemment, il s’est également intéressé aux besoins en protéines et aux mécanismes moléculaires liés à la perte de masse maigre.

La

Cancer/Cachexie

nutrition n’est pas souvent mise en avant comme un élément majeur de la thérapeutique lors d’affection cancéreuse ; pourtant, elle peut influencer fortement le bien-être et l’espérance de vie de l’animal. En cas de cancer, en particulier lorsqu’il s’agit d’une maladie métastatique, le problème réside souvent plus dans la façon d’améliorer la qualité de vie du chien, que d’obtenir une guérison. Au cours des 20 dernières années, de nombreuses publications ont approfondi le rôle de certains macronutriments (lipides, protéines et glucides) et micronutriments (vitamines, minéraux, acides gras et acides aminés), et leur intérêt particulier en cas d’affection tumorale. Bien que ce domaine d’investigation soit encore balbutiant, de plus en plus d’éléments plaident en faveur du fait que la prise en charge nutritionnelle d’une affection tumorale peut avoir un effet important sur l’espérance de vie des animaux et par conséquent de leurs propriétaires.

408

1 - Évaluation du statut nutritionnel du chien cancéreux

1 - Évaluation du statut nutritionnel du chien cancéreux Bien que cela ne soit pas l’objet de ce chapitre, le chien souffrant d’une affection tumorale associée à une anorexie nécessite la mise en place immédiate d’une alimentation entérale ou éventuellement parentérale totale ou partielle (voir chapitre 14). Il est souvent difficile de savoir si la perte de poids est due à l’anorexie ou à une cachexie cancéreuse. En cas de processus néoplasique avancé, une anorexie intermittente est souvent associée à la chimiothérapie. Cliniquement, la cachexie peut se définir comme un amaigrissement progressif malgré un approvisionnement en énergie apparemment adéquat. Parmi les causes de cachexie communément envisagées, il faut citer les perturbations du métabolisme de base, se traduisant par une augmentation des besoins énergétiques au repos. Mais d’autres facteurs pourraient induire une perte de masse maigre, facteurs qui ne seraient pas liés à l’augmentation de l’activité du métabolisme.

LORSQU’UN CANCER EST DIAGNOSTIQUÉ CHEZ UN CHIEN, LE VÉTÉRINAIRE EST GÉNÉRALEMENT CONFRONTÉ À TROIS TYPES DE SITUATIONS DIFFÉRENTES :

1) Néoplasie sans complication nutritionnelle 2) Néoplasie avec anorexie 3) Néoplasie avec cachexie.

Une étude vétérinaire a montré qu’une fraction significative (27 %) de la population des chats cancéreux souffre de cachexie (Baez & coll, 2002). Il n’existe pas de données équivalentes chez le chien pour l’instant, mais comme les traitements se généralisent et allongent l’espérance de vie des chiens cancéreux, la prévalence de la cachexie pourrait augmenter.

© JY Deschamps

Des commémoratifs complets, un examen clinique approfondi, une évaluation personnelle et le suivi du chien sont d’une très grande importance pour apprécier l’activité métabolique. C’est au clinicien qu’il incombe de savoir si un chien cancéreux est hypermétabolique ou si d’autres mécanismes sont responsables de la dégradation anormale de la condition corporelle. Pour faire la distinction, le vétérinaire doit non seulement suivre l’évolution du poids, mais aussi celle de l’indice corporel général, en s’efforçant d’apprécier subjectivement si le chien présente une perte anormale de masse maigre. En général, une anorexie se traduit par une perte de poids surtout due à une fonte du tissu adipeux, alors que les chiens cachectiques perdent des quantités pratiquement égales de masse maigre et de masse grasse.

Il existe de nombreux outils sophistiqués pour évaluer la masse maigre, par exemple l’absorptiométrie biphotonique à rayons X (Dual Energy X-ray Absorptiometry ou DEXA) et les techniques d’impédance isoélectrique, mais la plupart des praticiens ne disposent pas de ces appareils. Dès lors, l’évaluation régulière du poids et de l’indice corporel est essentielle pour surveiller une néoplasie. Face à une perte excessive de poids et de masse maigre, il faut d’abord s’interroger sur la présence éventuelle d’autres maladies concomitantes; diabète sucré, cardiopathies, insuffisance rénale chronique, hyperthyroïdie, sont d’autres affections responsables d’une stimulation biochimique et hormonale anormales pouvant être responsables de cachexie.

TABLEAU 1 - CARACTÉRISTIQUES RESPECTIVES DE L’ANOREXIE ET DE LA CACHEXIE Anorexie

Cachexie

TABLEAU 2 - CRITÈRES INDICATIFS POUR SAVOIR QUAND SUSPECTER UNE CACHEXIE D’ÊTRE RESPONSABLE D’UNE PERTE DE POIDS CHEZ LE CHIEN État nutritionnel

% poids perdu/poids total

Durée d’évolution

Consommation d’énergie

/

Chien adulte sain

2%

1 mois

Dépenses énergétiques

/

Chien adulte sain

3,5 %

3 mois

5%

6 mois

> 10 %

< 6 mois

Masse grasse

Suspicion de cachexie

Masse maigre

Cachexie avérée

409

Cancer/Cachexie

Pour tenter de définir à partir de quand une perte de poids anormale entre dans le cadre de la cachexie en l’absence d’anorexie, il existe des références dans la littérature humaine (Inui, 2002); (Tableaux 1 et 2).

2 - Le rôle de la nutrition dans le cancer et la cachexie

Il est conseillé d’observer quotidiennement la musculature de l’épaule, des membres postérieurs et des mâchoires (Baez & coll, 2002). Lors de cachexie, certains reliefs osseux deviennent rapidement plus visibles: c’est le cas de la tubérosité glénoïdale, de l’arête de l’omoplate, de la tubérosité ischiale, du grand trochanter fémoral et de la crête sagittale du crâne. Quand l’examen de la musculature glutéale et des muscles lombaires mettent en évidence que la crête iliale et les apophyses vertébrales font saillie et sont palpables, cela objective la perte de masse maigre (Figure 1). Comme il existe un index de condition corporelle pour évaluer le degré d’obésité, un index de condition musculaire est actuellement en développement qui aidera le clinicien à apprécier une cachexie et une perte de masse maigre excessive chez le chien.

© Cornell Comparative Oncology Program

© Cornell Comparative Oncology Program

FIGURE 1 - CACHEXIE CANCÉREUSE

Émaciation extrême due à une perte de masse maigre très importante. Noter les saillies osseuses visibles au niveau des côtes, des hanches, des vertèbres et de la crête sagittale, ainsi que la fonte musculaire au niveau des membres postérieurs et dans la région pectorale.

LORS D’AFFECTION CANCÉREUSE, LES DEUX PRINCIPALES PRÉOCCUPATIONS DU VÉTÉRINAIRE SONT :

1) la limitation de l’extension du processus tumoral et, tout aussi important

Cancer/Cachexie

2) la prévention ou le traitement de la cachexie.

2 - Le rôle de la nutrition dans le cancer et la cachexie Dans certains cas, le décès du chien n’est pas dû au cancer lui-même, mais bien à la dégradation importante de sa condition physique. Il est essentiel de bien comprendre ces processus pour anticiper l’intervention nutritionnelle.

Épidémiologie nutritionnelle du cancer en médecine vétérinaire La prévention nutritionnelle du cancer est devenue un sujet auquel de plus en plus de recherches sont consacrées en médecine humaine, en raison de la variabilité des régimes alimentaires chez l’homme, et de la prise de conscience croissante du fait que certaines modifications diététiques peuvent diminuer le risque relatif de cancer. Les mêmes principes peuvent sans doute s’appliquer en médecine vétérinaire, mais la plupart des chiens ont une alimentation plus équilibrée que celle de l’homme. Dans cette perspective, trois études épidémiologiques ont été réalisées à propos de la tumeur mammaire chez la chienne, visant à évaluer les facteurs de risque liés à l’alimentation et à la composition corporelle. Il est apparu clairement que si la teneur en matières grasses du régime avait très peu d’influence sur l’incidence des tumeurs, l’obésité globale augmentait le risque relatif (Sonnenshein & coll, 1991). Il est intéressant de signaler qu’une étude a montré que, lorsque la concentration en protéines augmente dans le régime, le risque relatif de tumeur mammaire diminue, tandis qu’une seconde étude fait état d’un risque accru si la viande crue représente la source principale d’énergie du régime (Shofer &

410

© JY Deschamps

Métabolisme énergétique et affections tumorales Une bonne approche nutritionnelle en cas de cancer est indissociable de la connaissance du métabolisme de croissance des cellules néoplasiques. De nombreuses approches différentes ont été testées

En général, ces cellules ont un métabolisme énergétique de type anaérobie et dépendent au cours des 40 dernières années pour tenter d’agir sur la croissance des tumeurs par l’intermédiaire de donc beaucoup d’un approvisionnement suffisant en glucose, lié à l’activation de la voie la diététique. de la glycolyse. Le pyruvate s’accumule dans les cellules et, lorsque la concentration augmente, il est transformé en lactate. L’augmentation de la concentration en lactate se traduit par une légère acidose lactique, bien observée chez les chiens cancéreux (Vail & coll, 1990; Olgivie & coll, 1997). Dès que le lactate a été libéré de la cellule néoplasique vers le courant sanguin, il est capté par le foie et retransformé en glucose par une voie similaire au cycle de Cori entre le muscle et le foie, et revient à la cellule néoplasique (Olgivie & Vail, 1990; Howard & Senior, 1999) (Figure 2). La transformation du glucose en lactate à partir de la glycolyse fait gagner 2 ATP à la cellule cancéreuse, alors que le recyclage du lactate en glucose dans la cellule hépatique nécessite 4 ATP et 2 GTP, soit une perte nette de 2 ATP.

2 - Le rôle de la nutrition dans le cancer et la cachexie

coll, 1989; Perez-Alenza & coll, 1998). Replacés dans leur contexte, ces résultats laissent supposer que l’augmentation de la concentration en protéines dans les aliments pour chiens va souvent de pair avec une meilleure qualité nutritionnelle, alors que les régimes à base de viande crue sont habituellement extrêmement déséquilibrés. Pour le vétérinaire, la recommandation générale à faire pour tenter de diminuer la prévalence de certaines affections tumorales chez le chien, est donc de prescrire un régime bien équilibré, conforme aux recommandations nutritionnelles du National Research Council (NRC) relatives à l’alimentation des chiens.

FIGURE 2 - MÉTABOLISME DU GLUCOSE (CYCLE DE CORI) Glycolyse Glucose

Cycle de Krebs

Pyruvate

Lactate Gain net = 2 ATP

Gain net = 38 ATP

CANCER

Néoglucogenèse Cycle de Cori

Lorsqu’un processus néoplasique est en cours, le métabolisme du glucose présente une perte d’énergie nette, due à la resynthèse du glucose à partir du lactate dans le cycle de Cori.

Perte nette = 4 ATP et 2 GTP

Jouer sur l’équilibre des sources d’énergie proposées (protéines, matières grasses et glucides) est un levier pour tenter d’agir sur le métabolisme énergétique des cellules tumorales: il faut essayer d’utiliser leur dépendance vis-à-vis du métabolisme des glucides, pour ralentir la progression de la maladie et donc améliorer le temps de survie (Argiules & coll, 2003).

Cancer/Cachexie

En outre, il a été montré que la libération humorale de certaines cytokines par les tissus inflammatoires présents autour de la tumeur ou par la tumeur elle-même provoque un découplage de la phosphorylation oxydative dans les mitochondries, qui diminue la production d’ATP (Giordano & coll, 2003). Certaines cytokines peuvent également être impliquées dans une régulation à la baisse de l’activité de la lipoprotéine lipase endothéliale, entraînant une accumulation d’acides gras et de triglycérides dans la circulation sanguine qui empêche le stockage des acides gras dans les adipocytes. Cela provoque des altérations des profils sériques lipidiques et une hypertriglycéridémie, comme cela a été observé chez des chiens atteints de lymphomes (Olgivie & coll, 1994). L’accroissement important des besoins énergétiques à cause de l’activation de systèmes protéolytiques est un facteur de risque pour la cachexie cancéreuse.

411

2 - Le rôle de la nutrition dans le cancer et la cachexie

Cachexie cancéreuse Depuis de nombreuses années, le métabolisme basal plus élevé des chiens souffrant d’affections tumorales était expliqué par l’augmentation de l’intensité du métabolisme des tissus cancéreux. Cependant, de nombreuses études réalisées en médecine humaine et vétérinaire ont montré que ce métabolisme de base n’est pas ralenti après ablation d’une tumeur, et qu’il peut être extrêmement variable, souvent sans corrélation totale avec le syndrome cachectique (Vail & coll, 1990; Olgivie & coll, 1997; Argiules & coll, 2003). Encore récemment, la perte excessive de masse maigre était attribuée au fait que la tumeur utilisait les acides aminés libérés par les muscles pour produire son énergie. Le catabolisme musculaire était donc considéré comme une réponse aux besoins énergétiques des cellules. Au cours des dix dernières années, le rôle des différents systèmes protéolytiques existant au sein des muscles squelettiques (cathepsines, calpaïnes et ubiquitine/protéasome) lors de cachexie cancéreuse a été exploré. Le système de l’ubiquitine/protéasome est fortement stimulé en cas de cachexie cancéreuse (Baracos, 2000; Inui, 2002; Argiules & coll, 2003). C’est un système complexe qui implique le marquage d’une protéine pour sa dégradation, avant d’envoyer la protéine marquée vers une protéase importante, composée de plusieurs sous-unités, appelée protéasomes. Cette opération nécessite de l’ATP et pourrait jouer un rôle dans l’augmentation de la consommation d’ATP et du catabolisme protéique observé en cas de cancer. Ce système est activé dans de nombreux autres syndromes pathologiques tels que les infections et les brûlures sévères (Baracos, 2000). Bien qu’il ne s’agisse que d’une hypothèse, les acides aminés libérés par ce mécanisme seraient utilisés pour la production d’énergie ou éliminés dans l’urine. De nombreux facteurs (dont les cytokines) sont impliqués dans la régulation de ce système. Bon nombre d’entre eux sont sécrétés dans la circulation sanguine par la tumeur primaire ou par les métastases. Les principaux facteurs identifiés sont: le facteur de nécrose tumorale (TNFα), l’interleukine-1 (IL-1), l’interleukine-6 (IL-6) et un facteur protéolytique nouvellement identifié appelé PIF (ProteolysisInducing Factor), qui joue peut-être le rôle le plus important dans la cachexie cancéreuse (Baracos, 2000; Argiules & coll, 2003) (Figure 3).

FIGURE 3 - FACTEURS HUMORAUX ET FACTEURS DÉRIVÉS DES TUMEURS ASSOCIÉS À L’ANOREXIE ET À LA CACHEXIE EN CAS DE CANCER CYTOKINES Pro-cachectiques Facteur de nécrose tumorale (TNF-α) Interleukine-1 (IL-1) Interleukine-6 (IL-6) Interféron-γ (INF-γ) CYTOKINES Anti-cachectiques Interleukine-4 (IL-4) Interleukine-15 (IL-15)

Cancer/Cachexie

Anorexie

FACTEURS DÉRIVES DES TUMEURS Facteur d’induction de la protéolyse (PIF) Facteur de mobilisation des lipides (LMF)

Altérations métaboliques

Cachexie

Un facteur de mobilisation des lipides (Lipid Mobilizing Factor ou LMF) peut être sécrété par les cellules tumorales, induisant une augmentation de l’activité cytoplasmique de la lipoprotéine lipase dans les adipocytes, ce qui exacerbe la perte de masse grasse (Hirai & coll, 1998 ; Tisdale, 2001).

412

3 - Recommandations nutritionnelles pour les affections tumorales et la cachexie

3 - Recommandations nutritionnelles pour les affections tumorales et la cachexie Sources énergétiques Les glucides constituent souvent la source d’énergie la plus abondante dans les aliments secs pour chiens. Comme le glucose représente la source d’énergie privilégiée des cellules cancéreuses, la stratégie consiste à proposer d’autres substrats, ce qui peut contribuer à diminuer la prolifération cellulaire. Lors de cachexie, comme la néoglucogenèse implique une perte de masse maigre, il est important d’augmenter l’apport en protéines pour lutter contre la fonte musculaire. En résumé, la solution nutritionnelle optimale consiste à choisir un régime très riche en matières grasses et en protéines, et pauvre en glucides. Parmi les produits secs et en conserve haut de gamme, les aliments spécialement conçus pour répondre aux besoins des chiens actifs ou stressés, peuvent être conseillés. La plupart de ces produits contiennent des protéines et des matières grasses de très bonne qualité, à un niveau d’incorporation plus élevé que les aliments d’entretien standards. Lors d’une transition alimentaire vers un aliment préparé, il convient de vérifier l’analyse en protéines et en matières grasses. Pour le chien, il faudrait qu’elle garantisse au moins 35 % de protéines et 25 % de matières grasses sur matière sèche. À partir des valeurs données par l’analyse, le pourcentage d’extractif non-azoté ou de glucides de l’aliment peut être estimé (Tableau 3). Les aliments en conserve contiennent souvent environ 70 à 75 % d’eau; dès lors, les pourcentages de protéines et de matières grasses mentionnés dans l’analyse du produit brut ne reflètent pas les valeurs sur matière sèche, mais le ratio protido-calorique peut être supérieur à celui rencontré dans les produits secs extrudés. Ce type d’aliment est contre-indiqué en cas d’hypertriglycéridémie congénitale ou acquise, de pancréatite et de maladie rénale chronique.

TABLEAU 3 - COMPARAISON DES ANALYSES NUTRITIONNELLES SUR MATIÈRE SÈCHE À PARTIR DE L’ANALYSE GARANTIE D’UN ALIMENT SEC OU EN CONSERVE Aliment en conserve

1) Analyse garantie 32 % de protéines 24 % de matières grasses 10 % d’humidité 3 % de fibres 7 % de matières minérales

1) Analyse garantie 12 % de protéines 10 % matières grasses 72 % d’humidité 2 % de matières minérales 1 % de fibres

2) Additionner tous les pourcentages 32 + 24 + 10 + 3 + 7 = 76 %

2) Additionner tous les pourcentages 12 + 10 + 72 + 2 + 1 = 97 %

3) 100 – 76 = 24 % d’extractif non azoté (glucides)

3) 100 – 97 = 3 % d’extractif non azoté (glucides)

4) 100 – 10 (% humidité)/100 = 0,90 de matière sèche (MS)

4) 100 – 72 (% humidité)/100 = 0,28 de MS

Protéines : 32/0,9 = 35,5 %/MS Matières grasses : 24/0,9 = 27,0%/MS Fibres : 3/0,9 = 3,3 %/MS Matières minérales : 7/0,9 = 7,7 %/MS Glucides : 24/0,9 = 26,5 %/MS

Protéines : 12/0,28 Matières grasses : 10/0,28 Fibres : 1/0,28 Matières minérales : 2/0,28 Glucides : 3/0,28

= = = = =

42,0 %/MS 36,0 %/MS 3,5 %/MS 7,5 %/MS 11,0 %/MS

Cancer/Cachexie

Aliment sec

Apport en acides aminés Un apport particulier en certains acides aminés peut être bénéfique pour retarder la croissance tumorale dans des modèles animaux (Mills & coll, 1998; Epner & coll, 2002). D’autres études dans ce domaine permettront vraisemblablement de mieux comprendre comment des modifications apportées au métabolisme des acides aminés peuvent aider à ralentir la progression tumorale, améliorer la qualité de vie du chien cancéreux et allonger son espérance de vie.

413

3 - Recommandations nutritionnelles pour les affections tumorales et la cachexie

FIGURE 4 - RÔLE POTENTIEL DE L’ARGININE EN CAS D’AFFECTION TUMORALE

Supplémentation en L-Arginine

NO (oxyde nitrique) Inhibition de la croissance tumorale

Ralentissement des divisions cellulaires et de la croissance tumorale

Stimulation de la fonction immunitaire

Supplémenter la ration en arginine pour qu’elle représente au moins 2 % des acides aminés de l’aliment peut s’avérer bénéfique chez le chien cancéreux (Olgivie & coll, 2000).

Dans un certain nombre de modèles animaux, une augmentation de l’apport alimentaire en arginine ralentit la progression de la tumeur (Milner & coll, 1979; Burns & Milner, 1984; Robinson & coll, 1999). La capacité de l’arginine à ralentir la croissance tumorale serait liée à son rôle dans la production d’oxyde nitrique grâce à la NO synthétase dans les cellules tumorales, ce qui retarde la division cellulaire, et/ou à son effet stimulant sur la fonction immunitaire cellulaire (Reynolds & coll, 1990; Robinson & coll, 1999). Le mécanisme exact demande à être exploré plus avant (Figure 4). La glutamine a également été impliquée en tant qu’acide aminé pouvant avoir un effet inhibiteur sur la cancérogenèse. La glutamine est considérée comme ayant un rôle immunomodulateur important sur l’ensemble de l’organisme. Cette fonction immunomodulatrice pourrait ralentir la croissance tumorale ou les phénomènes de métastase (Souba, 1993; Kaufmann & coll, 2003). La glutamine joue aussi un rôle bénéfique au niveau gastrointestinal et peut être considérée comme un nutriment essentiel pour optimiser le fonctionnement des entérocytes (Souba, 1993). Cependant, la glutamine alimentaire semble très labile, en particulier si les aliments sont chauffés à haute température ou sont présentés sous forme liquide; après absorption, elle subit rapidement une transamination hépatique. L’intérêt d’une supplémentation alimentaire n’est donc pas confirmé pour les affections tumorales (Bergana & coll, 2000).

Les acides aminés à chaînes ramifiées (AACR – isoleucine, leucine, valine) sont de plus en plus utilisés en raison de bénéfices potentiels cités dans la littérature humaine. L’intérêt de l’utilisation d’AACR comme acides aminés anticancéreux est encore discuté (Danner & Priest, 1983; Blomgren & coll, 1986; Saito & coll, 2001), bien qu’il soit probable que l’administration de suppléments de certains AACR (leucine) puisse être bénéfique pour retarder la croissance tumorale, en conjonction avec d’autres acides aminés tels que l’arginine (Wakshlag & coll, 2004).

FIGURE 5 - PROPOSITION DE MODE D’ACTION DE LA LEUCINE SUR LA SYNTHÈSE DES PROTÉINES MUSCULAIRES (Anthony & coll, 2001 ; Kadawaki & Kanazawa, 2003)

Leucine

Insuline

mTOR Récepteur à l’insuline

Cancer/Cachexie

Initiation et traduction de l’ARNm

EIF 4A*

Augmentation des synthèses protéiques globales Acides aminés

*Facteur d’initiation eucaryotique 4A Comparée à d’autres acides aminés, la leucine déplace souvent l’équilibre dans le sens de l’anabolisme plutôt que du catabolisme.

414

Plus intéressant et aussi plus important est le rôle potentiellement antiprotéolytique des AACR pendant la cachexie: ils permettraient d’augmenter la masse maigre et de prévenir la fonte musculaire chez les animaux cancéreux. La leucine seule, en tant qu’acide aminé ajouté isolément, s’est avéré avoir des effets marqués sur le métabolisme des protéines musculaires (Figure 5). Des études cliniques effectuées chez l’homme ont montré une augmentation du temps de survie, un meilleur bilan azoté et une amélioration de la qualité de vie avec une administration allant jusqu’à 12 grammes par jour d’AACR (Ventrucci & coll, 2001; Hiroshige & coll, 2001; Inui, 2002; Gomes-Marcondes & coll, 2003). Bien qu’il n’existe pas de données disponibles en médecine vétérinaire pour appuyer l’utilisation des AACR, des régimes expérimentaux contenant jusqu’à 5 % d’AACR sur matière sèche, ou un supplément de 3 % de leucine ont pu être utilisés sans effets secondaires chez les rongeurs. Chez le chien, une dose de 100 à 200 mg/kg ne présente pas de risque.

Un apport accru d’acides gras oméga-3 a été largement associé à l’allongement de l’espérance de vie et des rémissions, ainsi qu’à la diminution de la vitesse de croissance des tumeurs dans des modèles animaux (Thomson & coll, 1996; Olgivie & coll, 2000; Togni & coll, 2003). Des études cliniques chez l’homme ont révélé des effets positifs de la supplémentation en acides gras oméga-3 sur le poids, la qualité de vie, les durées de rémission et l’espérance de vie chez des patients atteints de cachexie cancéreuse, qui pourraient également s’observer chez des chiens cancéreux (Olgivie & coll, 2000; Wigmore & coll, 2000; Barber & coll, 2001; Fearon & coll, 2003) (Figure 6).

FIGURE 6 - PROPOSITION DE MODE D’ACTION DES ACIDES GRAS OMÉGA-3 VS OMÉGA-6 SUR LE CATABOLISME MUSCULAIRE

FIGURE 7 - PROPOSITION DE MODE D’ACTION DES ACIDES GRAS OMÉGA-3 VS OMÉGA-6 SUR LA PROLIFÉRATION DES CELLULES TUMORALES

Cytokine ou PIF

Phospholipase A

Phospholipase A

Protéine G série oméga-3 série oméga-3 Acide Eicosapentaénoïque

15-HEPE

série oméga-6

série oméga-6

Acide eicosapentaénoïque

Acide Arachidonique

15-HETE

12-HETE PGE 2 LTB 4

12-HEPE PGE 3 LTB 5

--Diminution du catabolisme protéique myofibrillaire

Acide arachidonique

Augmentation du catabolisme protéique myofibrillaire

Les acides gras oméga-3, en particulier l’acide eicosapentaénoïque (EPA), diminuent les concentrations d’acide 15-hydroxytétraénoïque (15-HETE), supprimant ainsi l’activité protéolytique (c’est-à-dire l’activité du protéasome) dans le muscle squelettique (Belezario & coll, 1991 ; Smith & coll, 1999).

Signaux neutres ou conduisant à inhiber l’effet mitogène

3 - Recommandations nutritionnelles dans pour les affections tumorales et la cachexie

Apport en acides gras

+++ Signaux conduisant à un effet promitogène

L’EPA ralentit la croissance tumorale en freinant la production d’agents promitogènes à partir de l’acide arachidonique.

Cancer/Cachexie

L’EPA et le DHA (acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque) peuvent aussi ralentir la croissance tumorale en raison de leur capacité à freiner le métabolisme de l’acide arachidonique en empêchant la production promitogène de PGE2 dans les cellules néoplasiques (Yuri & coll, 2003) (Figure 7). Les huiles de poissons (de la famille du hareng surtout) constituent les sources les plus riches d’acides gras oméga3 à longue chaîne (EPA et DHA) (Tableau 4) et des études cliniques chez l’homme montrent qu’elles sont utiles pour traiter la cachexie (Wigmore & coll, 2000; Fearon & coll, 2003). La plupart des aliments haut de gamme pour chiens sont enrichis en acides gras oméga-3: le rapport oméga-6/oméga-3 varie de 10/1 à 5/1. L’addition d’huile de poisson peut permettre de faire varier ce rapport de manière encore plus significative (Olgivie & coll, 2000). Bien qu’ils ne soient pas préjudiciables chez la plupart des chiens, un rapport inférieur à 1/1 a été associé à une augmentation du temps de coagulation et à une diminution des concentrations de vitamine E dans les membranes cellulaires (Valk & coll, 2000; Hendriks & coll, 2002).

415

3 - Recommandations nutritionnelles dans pour les affections tumorales et la cachexie

TABLEAU 4 - COMPOSITION MOYENNE QUANTITATIVE ET QUALITATIVE DE DIFFÉRENTES SOURCES D’ACIDES GRAS INSATURÉS Acides gras (% matière sèche)

Huile de soja

Huile de graines de lin

Huile de colza

Graisse de volaille

Huile de poisson

Acide linoléique (précurseur ω-6)

54

18

17

17

0,5

Acide α-linolénique (précurseur ω-3)

8

51

9

2,5

1,5

EPA + DHA

<1

<1

<1

<1

20

ratio ω6/ω3

6

0,35

1,8

9

0,15

Une seule étude clinique a été réalisée chez le chien en utilisant un supplément d’huile de poisson pour abaisser le ratio oméga-6/oméga-3 à 0,3/1 et les résultats ont montré un allongement de la survie et des durées de rémission chez des chiens atteints de lymphome, sans effets secondaires discernables (Olgivie & coll, 2000). L’évaluation clinique des suppléments d’huile de poisson dans de nombreuses autres affections néoplasiques est en cours à l’heure actuelle, et des données non publiées permettent de penser que cette mesure diététique pourrait être prometteuse dans de nombreuses maladies néoplasiques différentes.

Apports en vitamines et minéraux

L’administration d’antioxydants courants tels que le β-carotène, les rétinoïdes et les vitamines C et E a été associée à une diminution du risque de carcinogenèse dans les modèles animaux et dans les études épidémiologiques à grande échelle. Le sélénium serait le seul minéral présentant des effets anticarcinogéniques similaires. L’hypothèse qui prévaut est que nombre de ces antioxydants, à l’exception des rétinoïdes, diminuent les lésions cellulaires (Figure 8), limitant ainsi le nombre des mutations fonctionnelles ce qui se traduit par une incidence plus faible de cas de cancers.

FIGURE 8 - LES ANTIOXYDANTS protection antioxydante radicaux libres

ultraviolets

Cancer/Cachexie

pollution

O2

stress cellule détruite

cellule normale

mauvaise alimentation

Les antioxydants permettent à l’organisme de lutter contre les effets destructeurs des radicaux libres, éléments instables produits en permanence par l’organisme. Les rôles des antioxydants constituent une des dominantes de la recherche médicale actuelle, en particulier pour la prévention ou le traitement de certains cancers.

416

La plupart des aliments haut de gamme pour chiens contiennent des niveaux élevés de ces vitamines et minéraux, et leur rôle dans les processus néoplasiques déjà en cours reste à déterminer. En médecine humaine, de nombreuses études épidémiologiques s’attachent actuellement à établir un lien entre l’utilisation de plusieurs de ces agents anticarcinogéniques et la longévité potentielle. Les résultats seront sans doute intéressants à considérer, mais ne peuvent être directement extrapolés au chien à cause des différences métaboliques et du contexte général des régimes alimentaires respectifs. Le β-carotène ainsi que d’autres caroténoïdes et polyphénols naturels ont été inclus dans la liste des agents anticancéreux potentiels en raison de leur aptitude à piéger les radicaux

3 - Recommandations nutritionnelles dans pour les affections tumorales et la cachexie

libres in vitro (Duthie & coll, 2003; Cooper, 2004). Le β-carotène a été l’un des plus étudiés en raison de ses effets antioxydants puissants. Cependant, des études menées chez l’homme prédisposé au cancer du poumon ont montré que des suppléments de β-carotène pourraient en réalité augmenter le risque relatif de cancer (Bendich, 2004; Russel, 2004). Sur la base de ces observations, la médecine humaine a tendance aujourd’hui à mettre en garde contre l’utilisation anarchique de suppléments nutritionnels. En général, les sources de caroténoïdes (β-carotène, lutéine, lycopène, xanthène) sont des fruits et des légumes rouges, verts, jaunes et oranges, à qui il est accordé beaucoup d’attention en raison de leurs effets bénéfiques potentiels dans certains cancers spécifiques chez l’homme (Wu & coll, 2004; Murtaugh & coll, 2004). Cependant, l’absorption des caroténoïdes varie de l’homme au chien: le chien a une bien meilleure capacité que l’homme à transformer le β-carotène en rétinol et absorbe donc très peu de β-carotène intact, ce qui vient compliquer les recommandations (Baskin & coll, 2000). Plus de données sont nécessaires en médecine vétérinaire à propos de la sécurité et de l’efficacité d’emploi de ces antioxydants potentiels avant que des recommandations puissent être admises concernant leur administration à des animaux cancéreux. Les vitamines C et E sont toutes deux de puissants antioxydants pour lesquels des études cliniques humaines ont montré qu’elles réduisent le risque de carcinogenèse (Henson & coll, 1991; Sung & coll, 2003; Virtamo & coll, 2003). De manière très similaire au β-carotène, ces antioxydants agissent plutôt préventivement que curativement. Cependant, la vitamine C (acide ascorbique) a été associée à une augmentation de l’action de certains médicaments anticancéreux tels que la vincristine (Osmak & coll, 1997). Si l’acide ascorbique peut parfois aider lors de résistance à la chimiothérapie, il pourrait avoir un effet pro-carcinogénique dans certains cas et anticarcinogénique dans d’autres (Seifried & coll, 2003; Lee & coll, 2003). Des études rigoureuses manquent pour évaluer l’efficacité de l’acide ascorbique chez le chien qui d’ailleurs le synthétise, si bien que la supplémentation est sans doute facultative. D’autre part, de nombreux aliments pour chiens contiennent de l’acide ascorbique et aucune carence n’a encore été prouvée dans cette espèce. En revanche, la vitamine E est un nutriment indispensable et des études pour évaluer son efficacité en tant qu’agent anticancéreux se justifient. Les rétinoïdes (acide rétinoïque et dérivés de l’acide rétinoïque) ont été utilisés de manière extensive dans le traitement des leucémies aiguës promyélocytaires et ont été associés à un allongement des durées de rémission dans le cancer du sein chez la femme (Paik & coll, 2003; Altucci & coll, 2004). Ils se fixent sur des récepteurs nucléaires qui initient la transcription de gènes associés à une stimulation de la différenciation cellulaire ou de l’apoptose des cellules néoplasiques. Chez l’homme, ces observations ont conduit à l’utilisation de dérivés de rétinoïdes naturels et synthétiques dans le traitement d’affections tumorales. Il est probable que la médecine vétérinaire adopte ce type d’approche si les données cliniques expérimentales recueillies confirment l’efficacité des rétinoïdes dans diverses affections néoplasiques chez l’animal. Compte tenu des effets secondaires des rétinoïdes (effet tératogène de l’acide rétinoïque, anorexie et troubles de la coagulation), il n’est pas possible d’émettre actuellement des recommandations pour les thérapies cancéreuses chez l’animal (Hayes, 1982).

Cancer/Cachexie

Le sélénium est le seul minéral connu comme ayant des propriétés anticancéreuses préventives. Il est confirmé qu’un taux sérique élevé en sélénium est associé à une incidence plus faible de carcinomes cutanés, pulmonaires et prostatiques chez l’homme (Clark & coll, 1996; Nelson & coll, 1999; Reid & coll, 2002; Duffield-Lillico & coll, 2003). Ces effets seraient distincts du rôle antioxydant joué par le sélénium dans la glutathion peroxydase. La plupart des aliments commerciaux respectent les normes usuelles concernant les besoins en sélénium, mais les recommandations du NRC ont triplé, si bien que de nombreux chiens reçoivent sans doute un apport relativement bas. Les études cliniques chez l’homme montrent que les suppléments de sélénium ont pour effet de réduire le risque de cancer surtout chez les personnes présentant un taux sérique de sélénium bas (Clark & coll, 1996; Nelson & coll, 1999; Reid & coll, 2002; Duffield-Lillico & coll, 2003). Dans ce contexte, l’administration d’environ 2 à 4 µg/kg/jour de sélénium aux chiens ayant développé un cancer ou prédisposés à le faire peut se justifier. Cette dose d’entretien garantit un apport suffisant de sélénium, sans engendrer de risque de toxicité.

417

4 - Supplémentation nutritionnelle pendant un traitement anticancéreux

TABLEAU 5 - NIVEAUX D’APPORTS RECOMMANDÉS POUR UNE INTERVENTION NUTRITIONNELLE EN CAS DE CANCER

Affection

Niveau d’apport recommandé pour le chien

Arginine

Cancer & Cachexie

2 % de la matière sèche de l’aliment

Huile de poisson (EPA, DHA)

Cancer & Cachexie

Rapport 1/1 à 0,5/1 d’oméga-6 sur oméga-3 * dans l’aliment

Cachexie

100-150 mg/kg de poids

Cancer

2-4 µg/kg de poids

Suppléments

Acides Aminés à Chaînes Ramifiées (AACR) Sélénium

* Il est important de connaître les quantités d’acides gras oméga-6 et oméga-3 contenues dans l’aliment avant de décider du niveau de supplémentation à prescrire.

Il est relativement facile d’identifier des nutriments qui, utilisés à dose pharmacologique, permettent de ralentir la croissance tumorale, améliorer le bienêtre et la condition corporelle du chien. Ce qui est plus difficile, c’est de mettre au point des recommandations pour chaque type de cancer, dont la nature est complexe, et de les adapter à la variabilité des régimes alimentaires rencontrés. Pour mettre en pratique ses conseils nutritionnels, le praticien a besoin de connaître la consommation alimentaire approximative du chien et de rapporter l’ingéré à la matière sèche pour tenter d’évaluer objectivement les supplémentations nutritionnelles nécessaires. Le Tableau 5 propose quelques recommandations pratiques utiles dans les cas d’affections tumorales sévères.

4 - Supplémentation nutritionnelle pendant un traitement anticancéreux Depuis quelques années, l’utilisation de certains antioxydants a été largement développée dans les aliments pour chiens, afin de tenter de limiter les dommages occasionnés par les radicaux libres dans l’organisme. Cette supplémentation en antioxydants a un rôle positif pour améliorer la prévention de diverses maladies (Figure 9).

FIGURE

Cette approche préventive est théoriquement bénéfique pour les maladies cancéreuses, mais lorsqu’un chien est réellement atteint d’un cancer et que ce chien est traité par chimiothérapie ou radiothérapie, l’utilisation de certains antioxydants peut devenir contre-indiquée. Les antioxydants sont utilisés pour piéger les radicaux libres et protéger les cellules; or en cas de traitement chimique ou radiologique, des taux élevés d’antioxydants dans le cytoplasme ou liés aux membranes cellulaires pourraient faciliter la survie des cellules cancéreuses. Partant de ce principe, de nombreux vétérinaires 9 - ANTIOXYDANTS ET PRÉVENTION DU CANCER oncologues recommandent de ne pas administrer de supplémentations antioxydantes aux animaux pendant ces traitements. Cette Augmentation de l’apport attitude est très controversée et demande à en antioxydants être validée. Chez un chien qui reçoit déjà des quantités adéquates d’antioxydants dans son alimentation, des suppléments ne sont Diminution des lésions en effet sans doute pas nécessaires (Virtamo génotoxiques dues & coll, 2003; Prasad, 2004).

Cancer/Cachexie

aux radicaux libres

Diminution de la péroxydation des protéines de régulation

Inactivation diminuée des gènes de suppression tumorale

Inactivation diminuée des cellules du cycle de régulation génétique

Diminution de la péroxydation lipidique Effets sur la transmission cellulaire ?

Une supplémentation massive en antioxydants pourrait être contre-indiquée pendant une chimio- ou une radiothérapie, pour ne pas risquer de faciliter la survie des cellules cancéreuses.

418

En revanche, les acides gras oméga-3 des huiles de poisson sont associés à de meilleures réponses à la radiothérapie. Cela suggère que l’administration de suppléments d’huile de poisson, en induisant un haut niveau d’insaturation des membranes cellulaires, peut permettre la production d’acides gras plus réactifs pour la péroxydation lipidique pendant la radiothérapie, ce qui favorise la destruction du tissu tumoral, tout en limitant l’inflammation dans les tissus entourant la tumeur (Colas & coll, 2004).

Conclusion

Conclusion Des études cliniques vétérinaires ont montré que bon nombre des anomalies métaboliques qui se produisent dans les modèles de cancers chez l’homme et les rongeurs surviennent également chez le chien. L’approche nutritionnelle souvent utilisée en médecine humaine pourrait donc être utilement adaptée à la médecine vétérinaire, permettant comme cela est suspecté depuis des années, d’influencer la progression du cancer.

Q

R

Si le chien refuse de manger le nouvel aliment prescrit, peut-on ajouter de l’huile de poisson ?

L’huile de poisson peut être ajoutée à n’importe quel régime, mais l’idéal est de connaître la quantité d’acides gras oméga-3 présente dans l’aliment. Avec un aliment standard, un chien de taille moyenne consomme environ 6 g d’acides gras oméga-6 et seulement 100 mg d’oméga-3 par jour. Pour obtenir un ratio de 1/1, il faut ajouter 6 g d’acides gras oméga-3; sachant qu’ils ne représentent que 30 % de l’huile de poisson, il faut tripler la quantité: c’est donc environ 18 g ou l’équivalent d’une cuillère à soupe qu’il faut donner chaque jour.

Le chien n’aime pas l’huile de poisson. Quelle autre source d’acides gras oméga-3 peut-on conseiller ?

L’huile de lin est riche en acide linolénique, précurseur d’EPA-DHA. Elle peut s’avérer intéressante mais son efficacité clinique en cas d’affection tumorale n’est pas démontrée. Une autre alternative consiste à utiliser de l’huile de poisson désodorisée ou aromatisée au citron.

Si un propriétaire veut donner des antioxydants, lesquels faut-il choisir et comment les utiliser lors de radio- ou de chimiothérapie ?

Les antioxydants les plus sûrs sont ceux en faveur desquels il existe le plus de résultats de recherches et d’études cliniques. Les vitamines E et C viennent à l’esprit en premier, mais les travaux récents faits sur les antioxydants à groupement thiol - comme l’acide lipoïque et la S-adénosyl-méthionine, précurseur du glutathion - sont très encourageants car peu ou pas d’effets secondaires sont mis en évidence. Si un propriétaire souhaite donner ce type d’antioxydants, il doit utiliser plutôt des spécialités vétérinaires qu’humaines et suivre les recommandations du fabricant. Lorsque le chien est traité par chimio- ou radiothérapie, mieux vaut stopper toute supplémentation antioxydante une semaine avant le protocole de traitement et les reprendre une semaine après la fin du traitement. C’est l’attitude la plus sûre dans l’état actuel des connaissances.

Certains propriétaires pensent qu’un aliment “holistique” ou une ration ménagère sont plus appropriés en cas de cancer. Que faut-il en penser ?

Certains régimes disponibles sur internet sont présentés comme des aliments anticancéreux. Très souvent ces régimes ne sont pas équilibrés sur le plan minéral et vitaminique. L’avis d’un vétérinaire nutritionniste est nécessaire pour évaluer le régime en question avant toute utilisation, pour éviter des erreurs nutritionnelles grossières.

L’anorexie et la cachexie rendent souvent problématiques les transitions alimentaires. Que faire si le chien préfère manger un aliment peu concentré en énergie?

Dans ce cas mieux vaut laisser le chien consommer ce qu’il veut et essayer d’ajouter des sources de protéines et de matières grasses pour augmenter la concentration énergétique du régime. Il faut garder en mémoire que pour un chien anorexique et cachectique, la priorité est de faire manger le chien, même si le régime n’est pas complètement équilibré.

419

Cancer/Cachexie

Questions fréquemment posées à propos de l’alimentation des chiens cancéreux

Références

Références Altucci L, Wilhelm E, Gronemeyer H - Leukemia: beneficial actions of retinoids and rexinoids. Int J Biochem Cell Biol 2004; 36: 178-82. Anthony JC, Anthony TG, Kimball SR, et al Signaling pathways involved in translational control of protein synthesis in skeletal muscle by leucine. J Nutrition 2001; 131: 856S-860S. Argiules JN, Rodrigo MC, Busquets S et al Catabolic mediators as targets for cancer cachexia. Drug Disc Today 2003; 838-844. Baez JL, Michel KE, Sorenmo KU The characterization of cancer cachexia in cats, ACVIM Proceedings 2002: 4. Baracos VE - Regulation of skeletal muscle-protein turnover in cancer associated cachexia. Nutrition 2000; 16: 1015-1018. Barber MD, Fearon KC, Tisdale MJ et al - Effect of a fish oil-enriched nutritional supplement on metabolic mediators in patients with pancreatic cancer cachexia. Nutr Cancer 2001; 40: 118-24.\ Baskin CR, Hinchcliff KW, DiSilvestro RA et al Effects of dietary antioxidant supplementation on oxidative damage and resistance to oxidative damage during prolonged exercise in sled dogs. Am J Vet Res 2000; 61: 886-91. Belezario JE, Katz M, Chenker E et al - Bioactivity of skeletal muscle proteolysis-inducing factors in the plasma proteins from cancer patients with weight loss. Br J Cancer 1991; 63: 705-10.

Cancer/Cachexie

Bendich A - From 1989 to 2001: what have we learned about the "biological actions of beta-carotene"? J Nutr 2004; 134: 225S-230S.

Clark LC, Comb GF Jr, Turnbull BW et al Effects of selenium supplementation for cancer prevention in patients with carcinoma of the skin. A randomized controlled trial. Nutritional Prevention of Cancer Study Group. JAMA 1996; 276: 1957-63. Cooper DA - Carotenoids in health and disease: recent scientific evaluations, research recommendations and the consumer. J Nutr 2004; 134: 221S-224S. Danner DJ, Priest JH - Branched-chain ketoacid dehydrogenase activity and growth of normal and mutant human fibroblasts: the effect of branched-chain amino acid concentration in culture medium. Biochem Genet 1983; 21: 895-905. Duffield-Lillico AJ, Dalkin BL, Reid ME et al Selenium supplementation, baseline plasma selenium status and incidence of prostate cancer: an analysis of the complete treatment period of the Nutritional Prevention of Cancer Trial. BJU Int 2003; 91: 608-12. Duthie GG, Gardner PT, Kyle JA - Plant polyphenols: are they the new magic bullet? Proc Nutr Soc 2003; 62: 599-603. Epner DE, Morrow S, Wilcox M et al - Nutrient intake and nutritional indexes in adults with metastatic cancer on a phase I clinical trial of dietary methionine restriction. Nutr Cancer 2002; 42: 158-66. Fearon KC, Von Meyenfeldt MF, Moses AG et al Effect of a protein and energy dense N-3 fatty acid enriched oral supplement on loss of weight and lean tissue in cancer cachexia: a randomised double blind trial. Gut 2003; 52: 1479-86.

Henson DE, Block G, Levine M - Ascorbic Acid: biologic functions and relation to cancer. J Natl Cancer Inst 1991; 83: 1483-1492. Hirai K, Hussey HJ, Barber MD et al - Biological evaluation of a lipid mobilizing factor isolated from the urine of cancer patients. Cancer Res 1998; 58: 2359-2365. Hiroshige K, Sonata T, Suda T et al - Oral supplementation of branched chain amino acid improves nutritional status in elderly patients on chronic hemodialysis. Nephrol Dial Transplant 2001; 16: 1856-1862. Howard J, Senior DF - Cachexia and nutritional issues in animals with cancer. J Am Vet Med Assoc 1999 ; 214: 632-636. Inui A - Cancer Anorexia-Cachexia Syndrome: Current issues in research and management. A Cancer Journal for Clinicians 2002; 52: 72-91. Kadawaki M, Kanazawa T - Amino acids as regulators of proteolysis. J Nutr 2003; 133: 2052S2056S. Kaufmann Y, Kornbluth J, Feng Z et al - Effect of glutamine on the initiation and promotion phases of DMBA-induced mammary tumor development. J Parenter Enteral Nutr 2003; 27: 411-8. Lee KW, Hyong JL, Surh YJ et al - Vitamin C and cancer chemoprevention: reappraisal. Am J Clin Nutr 2003; 78: 1074-1078. Mills RM, Diya CA, Reynolds ME et al - Growth inhibition of subcutaneously transplanted hepatomas without cachexia by alteration of the dietary arginine-methionine balance. Nutr. Cancer 1998; 31: 49-55.

Bergana MM, Holton JD, Reyzer IL et al - NMR and MS analysis of decomposition compounds produced from N-acetyl-L-glutamine. J Agric Food Chem 2000; 48: 6003-6010.

Giordano A, Calvani M, Petillo A et al - Skeletal muscle metabolism in Physiology and in cancer disease. J Cell Biochem 2003; 90: 170-186.

Blomgren H, Naslund I, Esposti PL et al L-isoleucine and L-leucine: tumor promoters of bladder cancer in rats. Science 1986; 231: 843-5.

Gomes-Marcondes MC, Ventrucci G, Toledo MT, et al - A leucine-supplemented diet improved protein content of skeletal muscle in young tumor-bearing rats. Braz J Med Biol Res 2003; 36: 1589-94.

Murtaugh MA, Ma KN, Benson J et al Antioxidants, carotenoids, and risk of rectal cancer. Am J Epidemiol 2004; 159: 32-41.

Burns RA, Milner JA - Effects of arginine on the carcinogenicity of 7,12-dimethylbenz(a)-anthracene and N-methyl-N-nitrosurea. Carcinogenesis 1984; 5: 1539-1542.

Hayes KC - Nutritional problems in cats: taurine deficiency and vitamin A excess. Can Vet J 1982; 23: 2-5.

National Research Council of the National Academies - Nutrient requirements of dogs and cats.The National Academies Press, 2006 (under press); Washington D.C.

Hendriks WH, Wu YB, Shields RG et al - Vitamin E requirement of adult cats increases slightly with high dietary intake of polyunsaturated fatty acids. J Nutr 2002; 132: 1613S-5S.

Nelson MA, Porterfield BW, Jacobs ET et al Selenium and prostate cancer prevention. Semin Urol Oncol 1999; 17: 91-6.

Colas S, Paon L, Denis F et al - Enhanced radiosensitivity of rat autochthonous mammary tumors by dietary docosahexaenoic acid. Int J Cancer 2004; 109: 449-54.

420

Milner JA, Stepanovich MA - Inhibitory effect of dietary arginine on growth of Ehrlich ascites tumor cells in mice. J Nutr 1979; 109: 489-94.

Références Ogilvie GK, Ford RB, Vail DM et al - Alterations in lipoprotein profiles in dogs with lymphoma. J Vet Intern Med 1994; 8: 62-66. Ogilvie GK, Vail DM - Nutrition and cancer. Recent developments. Vet Clin North Am Small Anim Pract 1990; 20: 969-85. Ogilvie GK, Walters L, Salman MD et al Alterations in carbohydrate metabolism in dogs with nonhematopoietic malignancies. Am J Vet Res 1997; 58: 277-81. Osmak M, Kovacek I, Ljubenkov et al - Ascorbic acid and 6-deoxy-6-chloro-ascorbic acid: potential anticancer drugs. Neoplasma 1997; 44: 101-7. Paik J, Blaner WS, Sommer KM et al - Retinoids, retinoic acid receptors, and breast cancer. Cancer Invest 2003; 21: 304-12. Perez-Alenza D, Rutteman GR, Pena L et al Relation between habitual diet and canine mammary tumors in a case-control study. J Vet Intern Med 1998; 12: 132-139. Prasad KN - Antioxidants in cancer care: when and how to use them as an adjunct to standard and experimental therapies. Expert Rev Anticancer Ther 2004; 3: 903-15. Reid ME, Duffield-Lillico AJ, Garland L et al Selenium supplementation and lung cancer incidence: an update of the nutritional prevention of cancer trial. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2002; 11: 1285-91. Reynolds JV, Daly JM, Shou J et al - Immunologic effects of arginine supplementation in tumor-bearing and non-tumor-bearing hosts. Ann. Surg 1990; 211: 202-210. Robinson LE, Bussiere FI, LeBoucher J et al Amino acid nutrition and immune function in tumor bearing rats: a comparison of glutamine-, arginineand ornithine 2-oxoglutarate-supplemented diets. Clin. Sci 1999; 97: 657-669.

Russell RM - The enigma of beta-carotene in carcinogenesis: what can be learned from animal studies. J Nutr 2004; 134: 262S-268S. Saito Y, Saito H, Nakamura M et al - Effect of the molar ratio of branched chain to aromatic amino acids on growth and albumin mRNA expression of human liver cancer cell lines in a serum-free environment. Nut Canc 2001; 39: 126-131. Seifried HE, McDonald SS, Anderson DE et al The antioxidant conundrum in cancer. Cancer Res 2003; 63: 4295-8. Shofer FS, Sonnenschein EG, Goldschmidt MH et al. Histopathologic and dietary prognostic factors for canine mammary carcinoma. Breast Cancer Res Treat 1989; 13: 49-60. Smith HJ, Lorite MJ, Tisdale MJ - Effect of a cancer cachectic factor on protein synthesis/degradation in murine C2C12 myoblasts: modulation by eicosopentaenoic acid. Canc Res 1999; 59: 5507-5513. Sonnenshein EG, Glickman LT, Goldschmidt MH et al - Body conformation, diet, and risk of breast cancer in pet dogs: a case-control study. Am J of Epidem1991; 133: 694-703. Souba WW - Glutamine and cancer. Ann Surg 1993; 218: 715-728. Sung L, Greenberg ML, Koren G et al - Vitamin E: the evidence for multiple roles in cancer. Nutr Cancer 2003. 46: 1-14.

Valk EE, Hornstra G - Relationship between vitamin E requirement and polyunsaturated fatty acid intake in man: a review. Int J Vitam Nutr Res 2000; 70(2): 31-42. Ventrucci G, Mello MA, Gomes-Marcondes MC Effects of a leucine-supplemented diet on body composition changes in pregnant rats bearing Walker 256 tumor. Braz J Med Biol Res 2001; 4: 333-8. Virtamo J, Pietinen P, Huttunen JK et al Incidence of cancer and mortality following alpha-tocopherol and beta-carotene supplementation: a postintervention follow-up. JAMA 2003; 290: 476-85. Wakshlag JJ, Kallfelz FA, Wakshlag RR - Effects of branched chain amino acids on canine neoplastic cell lines. J of Animal Phys and Animal Nutr. 2004; submitted for publication. Wigmore SJ, Barber MD, Ross JA et al - Effect of oral eicosapentaenoic acid on weight loss in patients with pancreatic cancer. Nutr Cancer 2000; 36(2): 177-84. Wu K, Erdman JW Jr, Schwartz SJ - Plasma and dietary carotenoids, and the risk of prostate cancer: a nested case-control study. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2004; 13: 260-9. Yuri T, Danbara N, Tsujita-Kyutoku M Dietary docosahexaenoic acid suppresses N-methyl-N-nitrosourea-induced mammary carcinogenesis in rats more effectively than eicosapentaenoic acid. Nutr Cancer 2003; 45: 211-7.

Thompson LU, Rickard SE, Orcheson LJ et al Flaxseed meal and its lignin and oil components reduce mammary tumor growth at a late stage of carcinogenesis. Carcinogenesis 1996; 17: 1373-1376. Tisdale MJ - Cancer anorexia and cachexia. Nutrition 2001; 17: 438-442. Togni V, Ota CC, Folador A et al - Cancer cachexia and tumor growth reduction in Walker 256 tumor-bearing rats supplemented with N-3 polyunsaturated fatty acids for one generation. Nutr Cancer 2003; 46: 52-8.

Cancer/Cachexie

Olgivie GK, Fettman MJ, Mallinckrodt CH et al Effect of fish oil, arginine, and doxorubicin chemotherapy on remission and survival time for dogs with lymphoma: a double-blind, randomized placebo-controlled study. Cancer 2000; 88: 1916-28.

Vail DM, Ogilvie GK, Wheeler SL et al Alterations in carbohydrate metabolism in canine lymphoma. J Vet Intern Med 1990; 4: 8-11.

421

Rations ménagères

EXEMPLES DE RATIONS MÉNAGÈRES DE LA CACHEXIE Exemple 1

COMPOSITION (pour 1000 g de ration) Fromage blanc 40 % MG . . . . . . . . . . . . . . . . . 415 g Fromage de lait caillé * . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 g Œuf dur (entier) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120 g Lait entier UHT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120 g Pomme de terre (bouillie, avec pelure) . . . . . . . .150 g Miel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 g Son de blé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 g Huile de colza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 g * 40 % matières grasses sur matière sèche

Ajouter un complément minéral et vitaminique bien équilibré.

ANALYSE

RATIONNEMENT INDICATIF

La ration ainsi préparée contient 28 % de matière sèche et 72 % d’eau

Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1465 kcal/1000 g de ration préparée (soit 5150 kcal/1000 g de matière sèche) Poids du chien (kg) Ration journalière*

g/1000 kcal

Protéines

40

78

2

150

45

1540

Matières grasses

31

59

4

250

50

1670

Glucides assimilables

21

41

6

340

55

1790

Fibres

2

3

10

500

60

1910

15

680

65

2030

20

840

70

2150

25

990

75

2260

30

1140

80

2370

35

1280

85

2480

40

1410

90

2590

Points clés - Haute densité énergétique : pour favoriser l’amélioration de la condition corporelle et l’appétence

Cancer/Cachexie

Poids du chien (kg) Ration journalière*

% matière sèche

- Maintien d’un rapport protido-calorique élevé malgré la richesse en matières grasses : pour lutter contre la fonte musculaire - Ingrédients hautement digestibles : pour maximiser le profit nutritionnel pour le chien.

*Le fractionnement de la ration journalière en plusieurs petits repas est conseillé pour favoriser la bonne assimilation.

422

Rations ménagères

ADAPTÉES AU TRAITEMENT CANCÉREUSE Exemple 2

COMPOSITION (pour 1000 g de ration) Viande de boeuf hachée 10 % MG . . . . . . . . . 500 g Lait entier UHT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .130 g Œuf dur (entier) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 g Pomme de terre (bouillie, avec pelure) . . . . . . . 255 g Son de blé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 g Huile de colza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 g

Ajouter un complément minéral et vitaminique bien équilibré.

RATIONNEMENT INDICATIF

ANALYSE

Valeur énergétique (énergie métabolisable) 1445 kcal/1000 g de ration préparée (soit 4870 kcal/1000 g de matière sèche)

La ration ainsi préparée contient 30 % de matière sèche et 70 % d’eau

Poids du chien (kg) Ration journalière*

Poids du chien (kg)

Ration journalière*

% matière sèche

g/1000 kcal

150

45

1560

Protéines

40

83

4

250

50

1690

Matières grasses

29

60

6

340

55

1820

Glucides assimilables

17

35

10

510

60

1940

Fibres

4

9

15

690

65

2060

20

850

70

2180

25

1010

75

2290

30

1150

80

2410

35

1290

85

2520

40

1430

90

2630

Cancer/Cachexie

2

Exemples de rations ménagères proposées par le Pr Patrick Nguyen (Unité de Nutrition et d’Endocrinologie ; Département de Biologie et Pathologie, École nationale vétérinaire de Nantes)

423

© Psaila

Informations nutritionnelles Royal Canin

Les affections tumorales sont relativement fréquentes chez les chiens de races géantes, les ostéosarcomes surtout.

Points clés à retenir à propos de la :

Gestion nutritionnelle du chien cancéreux

Cancer/Cachexie

• Les sources d’énergie à privilégier sont les matières grasses et les protéines, aux dépens des glucides, bien valorisés par les cellules tumorales. Les principes de formulation sont les mêmes que pour les aliments destinés à couvrir les besoins des chiens de sport et de travail.

• Un régime riche en protéines aide à lutter contre la fonte musculaire présente lors de cachexie cancéreuse. Parmi les acides aminés qui pourraient jouer un rôle intéressant pour freiner la progression de la tumeur, il faut citer :

• Les matières grasses permettent d’augmenter la concentration énergétique de l’aliment, nécessaire lorsque le chien souffre de cachexie.

- l’arginine, qui favorise la production de NO

• L’enrichissement de l’aliment en acides gras oméga-3 à longue chaîne (EPA-DHA) permet de bénéficier de leurs propriétés antitumorales.

- les acides aminés ramifiés (ex: leucine) qui aident à lutter contre la cachexie.

424

- la glutamine, à action immunomodulatrice

• Un apport renforcé en antioxydants (vitamines E et C, β-carotène, polyphénols, sélénium…) présente un grand intérêt pour la prévention des affections tumorales. Dans l’état actuel des connaissances, il est cependant conseillé d’éviter cette supplémentation lors de traitement chimique ou radiologique de la tumeur, pour ne pas affecter leur efficacité. • Le degré d’appétence de l’aliment joue un grand rôle pour certains chiens anorexiques et cachectiques.

Informations nutritionnelles Royal Canin

Gros plan sur :

LES ACIDES AMINÉS RAMIFIÉS Au sein des acides aminés indispensables, la leucine, l’isoleucine et la valine forment la catégorie des acides aminés ramifiés. L’organisme est incapable de synthétiser à vitesse suffisante ces trois acides aminés ; la couverture des besoins dépend donc des apports alimentaires. La teneur sanguine en ces trois acides aminés fluctue en fonction des apports alimentaires, davantage que celle des autres acides aminés. Valine, leucine et isoleucine représentent au moins un tiers des acides aminés indispensables entrant dans la composition des protéines musculaires et sont les seuls dont la première étape de dégradation soit assurée par les muscles. Ces trois acides aminés ont la particularité,

unique parmi les acides aminés indispensables, de pouvoir subir une transamination réversible pour pouvoir enrichir le pool d’azote de l’organisme. Valine, leucine et isoleucine sont capables de stimuler la synthèse des protéines et de ralentir leur dégradation dans les muscles. Cette propriété a été attribuée spécifiquement à la leucine puisqu’elle s’avère aussi efficace que le mélange des trois acides aminés. Chez le rat, la stimulation de la synthèse protéique par la leucine obéit à une courbe de type dose-réponse. Cette stimulation se produit à de très faibles concentrations en leucine, identiques à celles observées dans le

sang juste avant un repas. Chez le rat plus âgé, il faut des concentrations en leucine beaucoup plus fortes pour obtenir une stimulation maximale (INRA, 2002) : la sensibilité à l’apport de leucine est donc diminuée. Cette perte de sensibilité à la leucine pourrait expliquer l’absence d’augmentation de synthèse protéique musculaire après les repas chez le sujet âgé.

FORMULE CHIMIQUE DES ACIDES AMINÉS RAMIFIÉS

La structure générale des acides aminés est : R

- pour la leucine le radical R correspond à : Leucine Isoleucine Valine

+

α-cétoglutarate

glutamate

+

α-kétoisocaproate α-kéto β méthylvalérate α-kétoisovalérate - pour l’isoleucine le radical R correspond à :

EXEMPLES DE TENEUR EN ACIDES AMINÉS RAMIFIÉS DANS QUELQUES MATIÈRES PREMIÈRES UTILISÉES DANS L’ALIMENTATION CANINE (Source : données internes Royal Canin)

leucine

isoleucine

valine

total AAR

Protéines de volaille:

6,5

3,5

4,3

14,3

Gluten de maïs:

14,7

3,6

4,2

22,5

Maïs:

13,0

3,9

5,1

22,0

Orge:

7,0

3,8

5,3

16,1

Riz:

7,7

4,1

5,6

17,4

- pour la valine le radical R correspond à :

R

Radical

Oxygène

Azote

Carbone

Cancer/Cachexie

% de la protéine de l’aliment

Hydrogène

Les protéines de maïs sont particulièrement riches en leucine.

Référence Centre INRA de Clermont-Ferrand - L’Echo des Puys N° 46 - avril 2002.

425