Tome 2 : Mikal - Lire en série

L’animal avait brutalement enfoncé ses crocs dans sa gorge, 9 mais ne l’avait pas tué. ... – Ça ressemblait à du sang lumineux. Est-ce ce que...

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Tome 2 : Mikal

DU

MÊME AUTEUR

Les Chevaliers d’Émeraude, tomes I à XII A.N.G.E. 1 Antichristus A.N.G.E. 2 Reptilis A.N.G.E. 3 Perfidia A.N.G.E. 4 Sicarius Les Héritiers d’Enkidiev 1 Renaissance Les Héritiers d’Enkidiev 2 Nouveau Monde Les Ailes d’Alexanne 1 4 h 44

À paraître Les Héritiers d’Enkidiev 3 Les dieux ailés A.N.G.E. 5 Codex Angelicus

Anne Robillard

Tome 2 : Mikal

© Guy Saint-Jean Éditeur inc. 2010 © Éditions Michel Lafon, 2012, pour tous les pays francophones à l’exception du Canada, 7-13, boulevard Paul-Émile-Victor – Île de la Jatte 92521 Neuilly-sur-Seine Cedex www.michel-lafon.com

Chapitre 1 Le libre arbitre Depuis le décès de ses parents lors d’un horrible accident de la route, Alexanne Kalinovsky vivait chez Tatiana, la sœur de son père, dans les Laurentides. La transition entre la ville et la campagne n’avait pas été facile pour la jeune fille. Heureusement, sa tante était une personne admirable qui comprenait sa peine. Pour la réconforter, Tatiana lui avait expliqué que la mort n’était qu’un passage du monde matériel au monde spirituel. Elle lui avait aussi prodigué de la tendresse, des encouragements et, surtout, beaucoup d’amour afin de l’aider à surmonter cette terrible épreuve. Tatiana possédait non seulement une âme magnifique et un cœur en or, mais elle était aussi guérisseuse. Elle soignait les malades qui venaient la visiter par l’imposition de ses mains ou grâce aux potions qu’elle préparait. Comme tous ses ancêtres russes, Tatiana avait le devoir d’aider quelqu’un de sa descendance à développer son potentiel de fée. Mais comme sa nièce venait à peine de découvrir son héritage magique, il n’était pas toujours facile de stimuler ses pouvoirs. Habituellement, les guérisseuses commençaient à utiliser leurs facultés de voir, d’entendre et de ressentir dès l’enfance, mais Alexanne avait été coupée de ses dons par son père, qui ne désirait pas la voir suivre les traces des femmes de sa famille.

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Maintenant qu’elle n’avait plus peur de l’invisible, Alexanne avait fait des progrès tout l’été, et son pouvoir de double vue s’améliorait de jour en jour. Il lui restait cependant encore tant de choses à apprendre. Néanmoins, Tatiana ne la pressait pas et applaudissait le moindre de ses succès. La vie était devenue plus douce pour la jeune orpheline, du moins jusqu’au retour de son oncle Alexei chez sa sœur. Cet homme dans la trentaine ne ressemblait ni à sa sœur ni à son frère. Ses cheveux noirs mal coupés, qu’il portait un peu plus bas que l’épaule, son teint blême et ses yeux bleus incroyablement pâles lui donnaient un air de loup solitaire. Alexei s’efforçait de ne jamais montrer ses émotions, mais Alexanne savait maintenant que sous ses airs farouches se cachait un torrent d’émotions que le pauvre homme n’arrivait pas toujours à dominer. Alexei Kalinovsky s’était enfui de la ferme de ses parents à l’âge de dix ans. Il avait aussitôt été recueilli par une secte, établie quelques kilomètres plus loin dans une montagne. On lui avait alors donné le nom de Mikal et on avait fait inscrire son décès au registre de l’état civil, pour que sa famille ne puisse plus jamais le récupérer. Le pauvre enfant y avait été retenu prisonnier pendant plus d’une dizaine d’années. Incapable de se soumettre à l’autorité et fortement indépendant, Alexei avait été maltraité par leur chef, qui se faisait appeler le Jaguar. Les disciples avaient même ouvert le feu sur Mikal lorsqu’il avait finalement franchi les palissades et lui avaient logé plusieurs balles dans le corps. Malgré la douleur et tout le sang qu’il perdait, Alexei avait couru pour s’éloigner de sa prison. Lorsque ses jambes avaient finalement cédé, il avait roulé jusqu’au pied d’un talus, où l’attendait malheureusement un loup enragé. L’animal avait brutalement enfoncé ses crocs dans sa gorge,

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mais ne l’avait pas tué. Il lui avait plutôt transmis un mal si profond qu’il avait empoisonné toute son existence. À l’article de la mort, Alexei avait tout de même réussi à se rendre instinctivement jusque chez sa sœur, la seule personne capable de lui venir en aide. Tatiana avait soigné ses blessures physiques, mais il avait fallu l’intervention des anges pour sauver son âme. Malgré un bien mauvais départ, car Alexei avait d’abord cru qu’Alexanne était à la solde du Jaguar, l’oncle et la nièce s’étaient découvert beaucoup de traits communs. Alexei avait aussi trouvé en Alexanne une fontaine d’amour et de pardon semblable à celle de sa sœur. Plus les jours passaient, plus l’homme-loup se comportait de façon possessive envers Alexanne. Celle-ci ne pouvait même plus fréquenter son copain Matthieu sans attiser sa jalousie. La jeune fée, qui n’avait pas accès à ses souvenirs karmiques comme ses aînés, ignorait évidemment qu’elle avait déjà été l’épouse de son oncle dans une autre vie. Tatiana avait finalement dû expliquer à Alexei qu’il était immoral pour un homme de fréquenter sa nièce. Incapable de maîtriser ses émotions, Alexei était donc retourné vivre dans la forêt au milieu de l’été. Sa décision avait profondément chagriné Alexanne, qui le trouvait vraiment fascinant. De son côté, ce qu’elle éprouvait pour son oncle se résumait à du respect et de l’affection. Elle avait supplié sa tante de raisonner son frère, mais Tatiana avait refusé, car selon elle, le temps finirait par arranger les choses. Un beau matin, Alexanne ouvrit l’œil et vit par la fenêtre de sa chambre qu’il pleuvait à verse. Elle s’habilla sans se presser et descendit à la cuisine, l’air chagrin. Elle se posta aussitôt devant la porte grillagée pour scruter le jardin.

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– Cesse de t’inquiéter pour Alexei, lui conseilla Tatiana, qui préparait le petit déjeuner. Il sait prendre soin de lui-même. – Je n’aime pas qu’il soit ainsi à la merci des éléments. – Il peut se mettre à l’abri. – Nous pourrions régler ce malentendu une fois pour toutes s’il acceptait de m’écouter. – Au lieu de penser à lui, si nous profitions plutôt de cette belle journée pour stimuler ton don de double vue ? – Cette belle journée ? répéta Alexanne en regardant la pluie tomber à torrents dans la cour. – Le ciel nous offre une journée de congé en arrosant les fleurs pour nous. Tatiana ne voyait décidément que le bon côté des choses. – Grâce à cette pluie, nous pourrons nous concentrer en toute quiétude sur tes pouvoirs, ajouta la guérisseuse. Alexanne suivit donc sa tante au salon et s’assit docilement sur le sofa. Elle rêvait de mettre en action ses facultés surnaturelles, mais en même temps, elle craignait d’être désormais trop âgée pour y parvenir. Les véritables fées ne commençaient pas leur éducation à quinze ans. Tatiana lui pointa le philodendron qui trônait sur une petite table. – Cesse de songer à Alexei, à Matthieu ou à qui que ce soit, et dirige toute ton attention sur cette plante. Elle baigne dans une énergie que tu devrais apercevoir au bout de quelques secondes, mais elle renferme aussi une force interne qui la garde en vie. Il est important que tu fasses la distinction entre les deux. Alexanne chassa donc de son esprit toutes ses pensées obsédantes et ralentit sa respiration comme sa tante le lui avait enseigné. Elle vit tout de suite l’aura qui entourait chacune des feuilles.

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– Maintenant regarde encore plus loin, exigea Tatiana. Sombrant dans la transe, Alexanne constata enfin qu’un liquide lumineux circulait à l’intérieur des feuilles et des tiges, comme du sang dans un labyrinthe de veines et d’artères. Étonnée et fascinée à la fois, elle se tourna vers sa tante et vit cette même énergie dans son corps ! – Mais qu’est-ce que vous avez ? s’exclama l’adolescente. La vision s’estompa aussitôt. – Tu as vu ma force vitale, n’est-ce pas ? se réjouit Tatiana. – Ça ressemblait à du sang lumineux. Est-ce ce que vous voyez lorsque vous soignez les malades ? – Oui, ma chérie. Puisque je suis en parfaite santé, tu as vu mon énergie se déplacer librement dans mon corps. Si j’avais été malade, tu aurais aperçu un tourbillon noir à l’endroit infecté par la maladie. – Et comment le fait-on disparaître ? – Pour éliminer les blocages, il faut tout d’abord posséder le pouvoir de ressentir. – Et avant de pouvoir ressentir, il faut que je développe mon don de double audition, grommela Alexanne. – C’est exact, mais ne te décourage surtout pas. Tu apprends si rapidement que ce ne sera plus très long, maintenant. Tu vois déjà le monde invisible, l’énergie des plantes et des êtres vivants, et tu perçois aussi des images du passé. Sincèrement, je préférerais que tu t’en tiennes à cela pour l’instant. – Les fées peuvent-elles aussi voir l’avenir ? – Pas toutes, et seulement lorsqu’elles possèdent tous leurs pouvoirs. C’est un peu comme l’électricité, qui ne sert à rien sans interrupteur. – Vous connaissez donc le mien ?

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– Les fées n’aiment pas regarder trop loin dans le futur, car elles respectent le libre arbitre d’autrui. Plusieurs chemins s’ouvrent sans cesse devant nous, Alexanne. C’est à nous de choisir celui que nous voulons suivre. – Les gens qui vous consultent vous demandent-ils de leur prédire des choses ? – Certains le font, mais je leur explique que ce n’est pas la mission que Dieu m’a confiée. Je leur conseille plutôt de se concentrer sur le moment présent et de vivre chaque instant comme si c’était le dernier. – Plus facile à dire qu’à faire… – En général, le chemin tracé devant nous est facile et agréable. Ce sont les gens qui se compliquent la vie. – Aurai-je cette faculté, moi aussi ? – Elle se manifestera d’elle-même, comme celle de voir le passé. – Comment saurai-je qu’il s’agit du futur ? – Même si je le savais, je ne pourrais pas te le dire, Alexanne, car c’est une expérience personnelle. – Et vous, comment avez-vous su que vous aviez ce don ? – Je t’ai vue dans ton berceau alors que tu n’étais même pas encore née. En transe, je t’ai aussi vue traverser cette maison, il y a plusieurs années. C’est pour cette raison que je n’étais pas surprise lorsque madame Léger t’a conduite chez moi. Mais cet avenir aurait tout aussi bien pu ne jamais se manifester, car ton père aurait pu exercer son libre arbitre et rester à la maison le jour de l’accident. Il ne serait pas mort, et tu ne m’aurais jamais connue. Tatiana expliqua également à Alexanne que, comme les fées possédaient une plus grande maîtrise de leur esprit que les gens ordinaires, il était deux fois plus important qu’elles cultivent des pensées positives. La moindre fixation

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sur des émotions négatives, telles que la haine et la peur, ne pouvait qu’engendrer des événements destructeurs. – C’est le cas d’Alexei, n’est-ce pas ? se chagrina Alexanne. La raison pour laquelle nous devons absolument transformer ses émotions, c’est pour qu’il ne devienne pas l’enfant mâle dont parle le livre de nos ancêtres ? – Il a malheureusement déjà le potentiel de détruire toutes les fées… – Si seulement ma faculté de ressentir s’était déjà manifestée, je pourrais le retrouver ce matin. – Ne saute pas d’étapes, ma soie. Tu dois commencer par voir et entendre comme une fée. Elle lui recommanda donc d’aiguiser ses perceptions en observant une par une toutes les plantes de la maison. Alors, Alexanne passa toute la matinée à s’y exercer, de plus en plus fascinée par ses dons.

Chapitre 2 La déclaration Les nuages se dispersèrent au début de l’après-midi, et les premiers rayons du soleil se frayèrent un chemin entre les arbres encore trempés. Alexei put enfin sortir de son refuge dans la montagne, pour se rendre à la rivière. À son approche, les daims et les lièvres s’enfuirent, redoutant le loup qu’il avait déjà été. Le jeune homme s’accroupit et avala quelques gorgées d’eau en se servant du creux de sa main. Il savait bien qu’il ne pourrait jamais se débarrasser complètement des comportements sauvages qu’il avait adoptés au cours de cette terrible période de sa vie, mais il s’en moquait. Pourquoi ferait-il l’effort de redevenir humain alors que son destin était de vivre en ermite dans la forêt ? Il sentit soudain un danger et releva vivement la tête, tous ses sens en alerte. Au bout d’un moment, il reconnut l’énergie d’Alexanne et se redressa. Il était hors de question qu’il affronte sa nièce alors qu’il n’était pas au mieux de sa forme, car elle avait un don qui surpassait parfois tous les autres : celui de l’exaspérer. Il pressa donc le pas le long de la rivière et remonta vers le nord. Contrairement à ses aînés, Alexanne ne possédait pas encore la faculté de ressentir. Elle devait donc se fier à son intuition pour retrouver Alexei. Elle savait qu’il affectionnait l’endroit où la rivière descendait de la montagne sous

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forme de cascades, avant de se diriger vers les nombreux lacs de la région. Son sac sur le dos, l’adolescente avait suivi le sentier qui menait aux chutes en humant les odeurs ensorcelantes de la forêt après la pluie. – Coquelicot, je sais que tu es là, soupira Alexanne, qui avait aperçu la fée blonde accrochée à son sac. Au lieu de te laisser transporter, tu pourrais peut-être m’indiquer la bonne direction, puisque toi, tu as la faculté de ressentir. La petite créature alla se poser sur une branche à hauteur des yeux d’Alexanne. – Je ne peux pas vous obliger, mon oncle et toi, à bien vous entendre, ajouta l’adolescente, mais j’ai vraiment besoin de lui parler aujourd’hui. Je t’en prie, emmène-moi jusqu’à sa tanière. Coquelicot commença par protester dans un interminable gazouillis d’oiseau, car elle percevait toujours le loup dans le cœur de cet homme. Puis elle finit par céder, intimidée par les grands yeux insistants de l’adolescente, et prit les devants dans le sentier en battant de ses belles ailes de libellule. Alexanne accéléra le pas pour ne pas la perdre de vue. Elles atteignirent bientôt le cours d’eau, mais il n’y avait aucune trace d’Alexei. L’adolescente tourna plusieurs fois sur elle-même et vit que la petite fée pointait son minuscule bras vers le nord. Lorsqu’elle lui demanda de continuer à avancer, Coquelicot refusa et plongea dans une fleur sauvage. « Ce qui veut dire que mon oncle est tout près », comprit Alexanne. Elle poursuivit donc seule sa route le long de la rivière. Se sentant talonné par sa nièce, Alexei piqua vers un groupe de rochers plantés verticalement en cercle. Il se hissa rapidement au sommet d’un des dolmens et s’y tapit comme un prédateur pour surveiller la berge. Ce cromlech avait été érigé dans les années soixante par une bande de hippies qui voulaient ressusciter le culte des druides celtes.

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Ils y avaient tenu quelques cérémonies, deux ou trois mariages et un baptême, puis n’y étaient plus jamais retournés. Alexanne s’immobilisa au pied des menhirs, émerveillée de trouver si près de chez elle une formation qui ressemblait à celles qu’elle avait vues dans des reportages sur l’Angleterre. Elle examina les alentours, mais ne pensa pas à lever la tête, sinon elle aurait vu le regard de son oncle, qui ne perdait aucun de ses gestes. – Je sais que tu es là, soupira la jeune fille. Pourquoi me fuis-tu, Alexei ? Je croyais que tu éprouvais de l’affection pour moi. Son oncle ne broncha pas. Il espérait que son silence finirait par la décourager. Alexanne se défit de son sac à dos et en retira une bouteille. Elle s’assit au centre des rochers et avala quelques gorgées d’eau. – Il y a deux grandes forces dans l’univers, poursuivitelle, l’amour et la peur. En refusant de me parler, tu cèdes à la peur. Je n’ai pas du tout l’intention de te ramener de force à la maison, même si ça me plairait que tu y reviennes de ton propre gré, pour que nous puissions vivre comme une vraie famille. Tu es bien plus qu’un oncle, Alexei. Tu es le grand frère que je n’ai jamais eu. Je me sens en sécurité auprès de toi et je sais que j’ai de l’importance à tes yeux. Tu me fais beaucoup de peine quand tu me traites ainsi. Alexanne scruta la forêt autour d’elle. Toujours aucun mouvement. Alors, elle poursuivit son monologue en espérant remuer enfin les entrailles d’Alexei. – Je me suis réincarnée dans ta famille afin de payer mes dettes karmiques envers toi, et je sais maintenant à quel point elles sont élevées. Tu m’as sauvée au moins une dizaine de fois dans nos autres vies ensemble. Maintenant, c’est à mon tour de t’aider. Je t’ai arraché à ton monde

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d’ombres et de souffrances, mais je veux plus que ça. Il est important pour moi que tu sois heureux. Sur son perchoir, l’homme-loup résistait à la tentation de lui dire ce qu’il pensait de son karma et de la vie misérable qu’il avait menée depuis qu’il était né à quelques kilomètres de cette montagne. – Les besoins que tu ressens en ce moment sont tout à fait normaux, poursuivit sa nièce. Tu éprouves le désir de vivre auprès d’une compagne et de fonder une famille, mais ça ne pourra jamais être avec moi parce que je suis ta nièce et que j’aime Matthieu. Alexei comprit que s’il continuait à l’écouter, il finirait par rugir de colère et être débusqué. – J’aimerais vraiment que tu apprennes à mieux connaître Matthieu, car il fera un jour partie de notre famille. Je t’en prie, laisse-moi t’expliquer face à face ce que je ressens pour toi. Ça me fendrait le cœur que tu décides de vivre seul dans les bois pour le reste de ta vie. Je t’aime, tu sais. Alexanne remit la bouteille d’eau dans son sac à dos et rebroussa chemin le long de la rivière, la tête basse, en se demandant si elle avait perdu son temps. Elle rentra à la maison et mangea en compagnie de sa tante sans lui parler de son excursion. De toute façon, Tatiana savait probablement déjà ce qu’elle avait fait au cours de sa journée. Rien n’était jamais vraiment secret dans cette famille…