Déficience mentale et activité artistique - alged.com

5 Et voici maintenant les remarques de la co-animatrice de Villeurbanne. Onze résidents et trois éducateurs l'atelier percussions du Tremplin, Myriam ...

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Déficience mentale et activité artistique

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n rapide regard sur la collection de la revue ENSEMBLE suffit à montrer la place que nous avons toujours accordée à l'activité artistique des personnes déficientes mentales. Plusieurs articles ont été consacrés à l'activité théâtrale et à l'expression corporelle : [ dans le numéro 45 de décembre 2003 (page 16), le groupe ALTEA insistait sur le fait que « les personnes déficientes mentales, fragilisées, recluses, sinon exclues ont de grandes ressources émotionnelles » et que « l’imaginaire est en tout cas la part de leur psychisme la plus apte à s’épanouir ». [ dans le numéro 41 de décembre 2001 (page 28), la parole était donnée aux acteurs du groupe de théâtre de l’Ile Barbe. [ dans le numéro 40 de juin 2001, Claire DESBRUS présentait (page 23) « Génération Théâtre », avec une troupe de jeunes adultes déficients mentaux et soulignait le fait que « le handicap n’exclut ni la créativité, ni le talent ». D’autre groupes (Signes, Vashi, MJC des Rancy,...) avaient été présentés , également par Claire DESBRUS, dans le numéro 33 de décembre 1997 de la revue (page 8). D'autres articles non moins nombreux ont été consacrés aux arts plastiques : des 16 numéros de la revue parus dans les huit dernières années, tous sauf un ont comporté, soit un article de présentation de l'activité «arts plastiques» des personnes accueillies dans les divers établissements de l'association, soit des illustrations de ces créations (tableaux et dessins présentés lors des diverses expositions, cartes de vœux de l'ALGED, calendrier 2000...). Chant et musique n'ont pas été oubliés : le groupe musical du Val d'Ozon (« Les Zazous d'Ozon ») s'est présenté dans le numéro 46 de juin 2004 (page 17) ; les percussionnistes du foyer du Tremplin se sont fait connaître dans le numéro 39 de décembre 2000 (pages 19 à 21)) et ceux de l'Ile Barbe dans le numéro 46 de juin 2004 (page 18). Et, dès décembre 1998 (numéro 35, pages 8 et 9), l'équipe éducative de l'Accueil de Jour de l'Ile Barbe montrait le rôle important joué par l'activité créative dans la vie des personnes déficientes mentales :

« Parler de la créativité des personnes handicapées mentales, c'est avant tout postuler que toute personne, quel que soit son niveau de compétence et de communication, a quelque chose à exprimer, quelque chose à nous apporter ». Cette rapide énumération illustre bien l'intérêt constant apporté par l'association à l'activité artistique. Le comité de rédaction d'ENSEMBLE a décidé de consacrer un numéro thématique de la revue à la création artistique des personnes déficientes mentales. L'objectif de ce numéro est triple : [ montrer que les handicapés mentaux sont créatifs, et que leur créativité se manifeste dans divers modes d'expression artistique ; [ essayer d'analyser ce que représente la création artistique dans l'épanouissement de la personnalité des personnes déficientes mentales ; [ faire « l'état des lieux » de ce qui existe en matière d'accompagnement de l'activité artistique des résidents de l'ALGED, afin de pallier les carences de l'association s'il en existe dans ce domaine. Pour réaliser ce numéro, nous avons tenu à nous informer directement auprès des différentes personnes concernées : résidents (qu'ils soient très ou peu impliqués dans une activité artistique) et équipes éducatives, aidées dans leur accompagnement par des animateurs extérieurs et des bénévoles de l'association. Et, bien évidemment, nous avons fait une large place à l'illustration des activités artistiques des résidents des divers établissements de l'ALGED (foyers de vie ou d'hébergement et accueils de jour principalement).* Le comité de rédaction ne peut atteindre les objectifs définis ci-dessus que s'il y est aidé par les lecteurs de la revue : faites nous part de vos réflexions, de vos commentaires à propos des articles et des illustrations de ce numéro. ENSEMBLE est la revue de tous ceux que concerne le handicap mental : familles et amis des personnes déficientes mentales, professionnels de l'ALGED et des autres associations consacrées à l'accompagnement de ces personnes, organismes de tutelle, entreprises partenaires …. Merci d'avance à tous ceux qui nous feront part de leurs réactions à la lecture de ce numéro ! Le comité de rédaction d'Ensemble

* La place impartie au thème « activité artistique » dans ce numéro ne nous a pas permis de citer le témoignage de tous ceux qui participent à ces activités ou les animent, ni d'illustrer ces pages aussi richement que nous aurions pu le souhaiter. Mais, comme par le passé, la revue continuera à l'avenir à présenter dessins et peintures des personnes accueillies à l'ALGED. 3

1 - Chant et musique 1. 1 De la musique et du rythme à l'Accueil de Jour du Tremplin Nous avons rencontré à l'Accueil de Jour du Tremplin Madame TROUILLOUX qui nous a donné les informations suivantes sur l'atelier de musique de l'Accueil de Jour du Tremplin. « Depuis plus de deux ans un groupe de sept résidents de l'Accueil de Jour participe à une activité musique et chant tous les quinze jours, le lundi matin. Le groupe est encadré par un musico-pédagogue, Blandine, qui fait partie de l'association «Léthé Musicale». Devant l'intérêt, le plaisir suscités et les prog rès constatés, cette activité est régulièrement reconduite. Durant l'année écoulée, les découvertes autour des instruments se sont diversifiées et compliquées. Les cours ont particulièrement porté sur un jeu de reconnaissance des instruments de musique à l'oreille dans le but d'associer à la perception auditive l'image i n s t r u m e n t a l e correspondante. Les participants sont maintenant capables d ' i nve n t e r d e s m o t i f s mélodiques ou rythmiques au xylophone. La mémoire et la concentration sont largement sollicitées par le biais de chansons, jeux image/son, mélodies rythmiques à jouer sur des instruments à lames.

En fin d'année, Blandine a félicité les membres du groupe en remettant à chacun un cahier individuel où sont illustrées les différentes activités d'expression musicale qu'il a réalisées et réussies. A la demande de tous, le groupe a repris en octobre dernier les séances de musique avec Blandine, à Feyzin ».

1.2 L'atelier percussions du Foyer d'hébergement du Tremplin L'animateur de l'atelierpercussions du Tremplin, Serge BERTRAND, nous livre son expérience : « Voici bientôt 4 ans que j'anime, avec un grand bonheur, l'atelier percussions du Tremplin créé par Sylvia PICASSO, puis repris par Fred ALBERTI. Un Lundi sur deux, nous nous retrouvons autour de quelques tam-tams (djembés et doums-doums) et une a t m o s p h è r e particulière se crée. Ensemble, nous entrons dans le monde de la musique. Les sons s'organisent et se répondent de façon imprévisible. Petit à petit, les sourires apparaissent, (ou les fous rires) et nous partons à la découverte de nous-mêmes et des autres. En cherchant à développer écoute et intuition, chacun de nous apprend à être toujours plus attentif à l'autre. Au fil du temps, nous construisons un répertoire qui est le reflet de notre joie de jouer ensemble. La vie a fait que je commence à faire partager ma passion de la musique au Tremplin. Aujourd'hui je travaille dans différentes structures associatives et en école de musique. Et les interventions réalisées ici restent le moteur de ma pratique pédagogique. J'invite d'ailleurs tout un chacun à venir partager ces moments de convivialité ».

Extrait du cahier individuel

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Et voici maintenant les remarques de la co-animatrice de l'atelier percussions du Tremplin, Myriam DELFOSSE : « Au foyer d'hébergement du Tremplin, se déroule depuis plusieurs années l'activité percussions, animée par un intervenant extérieur qualifié. Cette activité, à laquelle les personnes accueillies ont choisi de participer et dans laquelle elles s'investissent volontiers, apparaît comme un réel moment de plaisir, formant une parenthèse dans leur quotidien au foyer. La musique nécessitant une certaine harmonie, cette activité développe la concentration et l'attention à l'autre. Les participants y trouvent un moyen d'expression particulier, plus libre que celle réalisée par des codes communs (tels que le langage, l'écriture) mais également une certaine valorisation, grâce à la possibilité qu'ils ont d'être créatifs et de se produire en public lors de la fête de la Saint Jean (célébrée chaque année au Tremplin). Ainsi l'activité percussions prend toute sa place et son sens dans le travail éducatif effectué auprès d'une population de personnes adultes handicapées mentales ».

1.3 Les percussions au Foyer de vie Pierre Hédiard et à l'Accueil de Jour de l'Ile Barbe : la « Batucada » Nous laissons la parole à Jérôme NOUHAUT, un des animateurs de l'atelier : « L'année 2003 a été marquée par la création d'un atelier musique d'inspiration brésilienne : la «Batucada» (orchestre de percussions) pour les résidents du foyer de vie Pierre HÉDIARD et de l'Accueil de Jour de l'ALGED à Caluire. C'est au sein de nos locaux que se sont déroulés les ateliers, pour finir en plein air au parc naturel de la Feyssine à

Villeurbanne. Onze résidents et trois éducateurs (dont 2 pour l'Accueil de Jour) ont participé au projet».

Les inter venants de l'association « Murmure du son » (1) Carole Mignot : musicienne professionnelle formée aux techniques du son (sonorisation, enregistrement, musique assistée par ordinateur), elle enrichit sa pratique musicale par l'étude de la batterie, des percussions africaines et latines, et développe une expression corporelle à partir des danses orientales et taï-chi-chuan. Ses pratiques artistiques la conduisent à une recherche sur l'influence des procédés cognitifs sur la coordination motrice et elle développe une pédagogie adaptée à des personnes souffrant de déficience motrice, sensorielle ou intellectuelle. Elle dirige un atelier de percussions pour le foyer « la Richardière » de la fondation Richard et de danse intégrative pour la compagnie Pierre Deloche. Jérôme Nouhaut est formé en sciences sociales (faculté d'ethnologie, Université Lumière Lyon II). Musicien professionnel, il pratique les percussions d'Europe, d'Afrique et d'Amérique Latine et il s'est spécialisé en danses latines (rumbas, salsa, danse d'Orixas). Il mène une réflexion sur le « sens créatif » et développe une pédagogie basée sur l'écoute et l'intuition. Son objectif est de dépasser les habitudes et contraintes du quotidien pour réveiller le p o t e n t i e l artistique de chacun.

Comment s'est déroulée cette première saison d'atelier pour l'ALGED ? Le local de l'association « Murmure du son » est équipé d'une salle de répétition insonorisée et d'une grande salle pour la pratique de la danse et du théâtre.

(1) « Murmure du son », association loi 1901 (32 ter quai Arloing à Lyon) accueille des artistes (musiciens, comédiens, danseurs) professionnels ou amateurs. Les liens tissés par cette association avec différentes compagnies de rue ou de scène l'ont amenée à porter depuis 2 ans un projet de création artistique pour les personnes handicapées, ceci afin de leur offrir les moyens d'exprimer leur créativité par la musique, la danse et la comédie.

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Les ateliers étaient divisés en deux temps : Echauffement : prise de conscience du corps (assouplissements, étirements, pratique de la danse en expression libre ou par thème), développement de l'écoute et du jeu , mise en place d'une expression individuelle et collective dans le but de favoriser échange et communication. Apprentissage musical : codes de la structure musicale de la «Batucada» et techniques instrumentales, développement de l'expression et du sens créatif (interprétation), toujours dans une démarche à la fois individuelle (comment prendre sa place dans la musique) et collective (comment laisser de la place pour les autres).

Mais que s'est-il donc passé ? Le premier semestre a permis aux uns et aux autres de se rencontrer et d'apprivoiser la musique en groupe. Les participants, enthousiasmés par le

projet, ont connu au départ les difficultés d'apprendre et de faire, mais aussi d'être avec les autres, et petit à petit ils ont commencé à dépasser leurs craintes personnelles et collectives pour finir en liesse lors d'une prestation au carnaval de Neuvillesur-Saône au mois de janvier 2004. Moment fort qui a permis de présenter le travail au public et de resserrer les liens entre les participants par le partage des émotions. A partir de là, ils ont pu réaliser ce que représentait le travail d'un artiste, ce qui a donné un nouvel élan pour un second semestre plein de dynamisme et d'envie. Nous avons actuellement entamé la deuxième saison de l'atelier, et après deux mois d'absence, cette rentrée apporte à tous l'agréable surprise de sentir que rien n'avait été perdu. Le plaisir d'être ensemble, de faire de la musique, des jeux, un spectacle, de vivre et créer ensemble. Enrichie de qualités nouvelles, l'aventure continue... ».

Voici quelques impressions recueillies au Foyer de Vie Pierre Hédiard, à l'Accueil de Jour et au Foyer de l'Ile Barbe de la part de Marie-Antoinette, Muriel , Dominique, Hugues, …etc. « C'est une dame, Chantal qui nous fait chanter et on aime beaucoup ». « On chante Bol, Bobobol…. ; on joue sur des tambourins et Chantal joue de la guitare. » « J'adore Chantal et le mardi soir, jour de la musique. » « Chaque année avant les vacances, on donne un concert devant tous les résidents ; j'avais le trac, après ça a été mieux et c'était super. »

1.3 Le chant au Foyer d’hébergement de l'Ile Barbe Chantal, une enseignante de musique-chant faisant partie de « In Ensemble 46 », accompagnée de 2 monitrices du foyer, prend en charge chaque semaine un groupe de 14 personnes accueillies au Foyer. C'est une sorte de chorale, ils chantent ensemble, ce sont surtout des sons sur certaines notes de musique, des murmures qui s'amplifient ; parfois l'un d'entre eux chante en solo. Ils s'accompagnent de tambourins ou d'un instrument à percussion, certains font quelques pas de danse, ainsi, même ceux qui s'expriment mal peuvent participer. Une fois par an, ils donnent un petit « concert » dans le cadre du conservatoire de musique de Lyon quai Chauveau où sont conviés parents, moniteurs etc…

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Cette activité les ravit, ils y sont toujours très assidus et c'est un bonheur de les voir au cours de leur représentation exprimer leur joie d'être là tous ensemble, appliqués à rendre le mieux possible ce que la musique leur apporte.

2 - Théâtre et expression corporelle

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ous avons rencontré Madame Marie FAVERON, éducatrice spécialisée au foyer d'hébergement de l'Ile Barbe. Nous lui laissons la parole : « Le but principal de l'activité « expression » est d'amener les participants à s'exprimer de quelque manière que ce soit au moyen de différents supports et techniques d'expression. Chaque personne, selon ses possibilités, ses envies, son humeur, sera guidée, conseillée et accompagnée de façon à laisser libre cours à son imagination, sa créativité, sa spontanéité. Voici les différentes techniques exploitées ici : [ expression théâtrale (voix, placement, improvisation, regards), [ expression corporelle (danse, mime, gestuelle), [ relaxation.

Pourquoi cette variété de techniques ? Nous avons tous des facilités et des talents, différents chez les uns et chez les autres. Afin que la personne v i v e u n moment de plaisir, elle doit se retrouver dans une ou plusieurs techniques, avoir envie de s'y initier. Elle ne doit pas se sentir en danger ou en situation d'échec. La diversité des m o d e s d'expression laisse donc à la personne la possibilité de faire le choix de ce qu'elle veut exprimer dans un premier temps devant le groupe, puis devant un public. Le fait que l'atelier ait lieu le soir après une journée déjà bien remplie au CAT est pris en considération. Chacun évolue selon son propre rythme. En début

de séance, 30 minutes sont prévues pour faire une coupure entre la journée de travail et l'activité détente. Cette introduction à la séance est basée sur la relaxation, qui favorisera la concentration intérieure. Ce travail sur l'écoute de soi et des autres permet d'optimiser la communication au sein du groupe. Po u r q u e ch a c u n o s e s'exprimer librement, une dynamique de groupe est recherchée afin que les participants se connaissent mieux, se fassent confiance mutuellement, se motivent et se respectent les uns les autres. Toutes les décisions d'ordre organisationnel, de contenu, de choix des techniques sont prises en concertation avec le groupe. L 'année dernière, nous avons soumis aux participants l'idée d'un spectacle. Chacun ayant adhéré à l'idée, l'ébauche a commencé : choisir un personnage, imaginer ce qu'il ferait les a beaucoup motivés. Nous tenons à ce que le spectacle final soit le résultat de leurs idées, de leurs inspirations, en résumé qu'il soit une véritable création respectant les propositions de chacun, aussi disparates soient-elles. N o u s avo n s également sollicité l'atelier peinture pour fabriquer l'affiche de notre futur spectacle (aux alentours de Noël 2004). Les séances se déroulent le mercredi soir, de 17 h 30 à 19 h 15 dans la salle polyvalente du foyer. Elles sont encadrées par Marie FAVERON et/ou Dominique VARLET.

Propos d’artistes. Solange : C'est le professeur qui donne le rôle, comme on aime faire. J'aime bien apprendre les paroles avec les autres. J'aime bien jouer et faire voir que je sais bien travailler aussi ma voix, bien bouger et danser. Laetitia : J'aime bien représenter un personnage, bien jouer un rôle ; chanter, parler fort, faire des gestes devant beaucoup de monde et m'exprimer par mon corps. 7

En résumé, l'atelier « expression » vise à donner aux personnes les moyens d'améliorer leurs capacités d'expression, de relation, de communication, de favoriser leur éveil culturel, de les aider à constituer des réseaux relationnels et à vivre des moments de plaisir. Nous organisons également des sorties culturelles dans le cadre de cet atelier (pièces de théâtre, visite de la costumerie de l'Opéra de Lyon etc ...)».

Madame Catherine ZELLER, éducatrice spécialisée à l’Accueil de jour de l’Ile Barbe nous dit son expérience de dix ans dans ce domaine : « Cela fait 10 ans que j'ai commencé d'animer le premier groupe théâtre à l'Ile BARBE : initialement avec le groupe « Signes » (cf. Ensemble n° 41, page 28), puis avec divers animateurs que cette forme d'expression intéressait et/ou qui avaient euxmêmes une expérience d'acteurs. Nous voulions que la parole soit ici « libérée », que ce soit un lieu où tout peut se dire, que le jeu soit une mise en acte du rêve et de la poésie avec la possibilité d'évoquer des sujets graves et préoccupants pour chacun - la difficulté étant de ne pas tomber dans le psychodrame. Au cours des années les participants ont changé et les handicaps des acteurs sont variés ; cependant notre façon de travailler reste identique. En début de séance, il est important que chacun se change pour revêtir sa « peau d'acteur ». Nous écoutons des musiques, des textes, sur lesquels nous

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évoluons, exprimons des sentiments que chacun dévoile à sa manière devant les autres participants. Cela permet d'explorer ensemble un large éventail de possibilités, d'idées et surtout d'éviter que l'on imite l'animateur. Ces gestes ne doivent pas être plaqués, mais venir d'une recherche commune. Le rôle de l'animateur-metteur en scène consiste à essayer de rassembler ce travail de recherche des uns et des autres, de le rendre visible, de mémoriser les expressions pour qu'elles ne soient pas oubliées. La principale règle de ce groupe est de présenter en fin d'année le travail, même s'il n'est pas totalement achevé. Cela permet de tester nos capacités à gérer le « trac » devant un public, à dévoiler nos émotions et nos peurs, de les communiquer aux autres , avec toute la générosité dont sont capables les personnes handicapées. Il faut savoir que quand on monte un spectacle, on parle de soi, on règle des comptes avec la vie, on utilise son corps, sa voix et on prend le risque de s'exposer. Il est donc très important qu'une grande confiance s'établisse entre les participants et l'animateur. »

3 - Arts plastiques

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l n'est pas très loin de nous le temps où le handicap mental était défini négativement en termes de manque, de carence (ce qu'évoque d'ailleurs immanquablement l'expression « déficience mentale »). Il est vrai que l'insuffisance des capacités intellectuelles, les difficultés d'abstraction, la pauvreté du langage et des moyens de communication placent les personnes handicapées mentales en état d'infériorité dans beaucoup de situations de la vie courante. Il est non moins vrai, comme le notaient, dès la fin des années 70, les créateurs de l'association «Personimages » que cette carence intellectuelle est sinon compensée, du moins contre-balancée par de grandes richesses dans le domaine de la sensibilité et de la créativité :

3 -1 L'atelier des artistes du Foyer Le Tremplin

En juillet/août 2004, la galerie d'exposition de l'U.C.A.O. d'Oullins (1) a accueilli les 7 artistes de l'atelier du Foyer « Le Tremplin ». Le vernissage de l'exposition a eu lieu le 8 juillet 2004. Un membre du comité de rédaction a rencontré les artistes et Anne Barbara del UNTO, qui anime l'atelier p e i n t u r e . L'intervenant e x t é r i e u r , D o m i n i q u e MERKLEN, artiste peintre, précise que le travail de l'atelier a été orienté cette année vers l'aspect technique de la peinture. Grâce à ce travail, les artistes ont mis en valeur ce qu'ils ont envie d'exprimer, ainsi que la façon de le réaliser. On rappelle qu'ils ont la totale liberté du choix des «c'est par les moyens à mettre en a c t i v i t é s œuvre. Les peintures d'expression e x p o s ées sont artistique que les intégralement exécutées handicapés p ar les personnes peuvent le mieux handicapées de l'atelier, révéler la richesse et représentent pour elles originale de leur une très importante sensibilité ». libération d'énergie. Au Ceci est particulièrement cours des séances de vrai pour les arts travail à l'atelier, nous plastiques (modelage, assistons à beaucoup poterie, sculpture, dessin, d'échanges par voie orale. peinture, mosaïque,…). L'animateur est perçu Comme il est dit dans comme un guide, et l'introduction de ce l'autonomie s'en trouve Jour du vernissage à l’UCAO. numéro (page 4) les favorisée, de même que la dessins, peintures, moulages réalisés par les personnes création personnelle. Chaque artiste a sa technique et sa déficientes mentales accueillies dans les établissements de façon de s'exprimer. l'ALGED ont occupé une très large place dans l'illustration Voici à ce sujet les explications de Dominique MERKLEN : de la revue «Ensemble», et ceci, qu'ils aient ou non été sélectionnés pour diverses expositions, ou pour le « Un mardi sur deux, lors des séances de 1 h 30 en calendrier 2000 de l'association, ou encore pour atelier Arts plastiques, 8 résidents du foyer du l'impression des cartes de vœux de l'ALGED. Tremplin se mettent en situation de création. Cet atelier est un point de repère, un moment de plaisir et Dans ce numéro consacré aux activités artistiques et à la d'expression, d'échange et de construction. Les créativité des personnes handicapées mentales, nous avons participants sont encadrés par un artiste souhaité que puissent s'exprimer très librement les professionnel, et au moyen de techniques adaptées et participants aux activités d'arts plastiques, et notamment de de détournements d'outils, chacun peut développer peinture, de l'ALGED, qu'il s'agisse des personnes son propre style. Quand les acquis sont suffisants, handicapées ou des animateurs et animatrices des ateliers. quand le concepteur est capable de choisir ou (1)Les précédentes expositions à l'UCAO d'Oullins ont fait l'objet de présentations dans les deux derniers numéros de la revue « Ensemble » (n° 45 de décembre 2003, page 20 et n° 46 de juin 2004 page 17)

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d'adapter supports, instruments et matières, se révèlent alors l'autonomie et la valeur de sa création. Peinture sur bois, toile ou papier grand format, sculpture, utilisation d'argile, d'enduits colorés, de peinture acrylique, pastel, encre ou pigments, techniques de gestuels, de construction, abstrait ou figuratif, la palette des peintres est riche en couleurs, en travail et en personnalité.

ROMUALDO ème L’atelier de peinture l'accueille pour la 3 année. Les traits sont affirmés. Le travail est figuratif. Les paysages (paysage de nuit, paysage de neige) sont inventés.

L'exposition publique de fin d'année à la galerie de l'UCAO d'Oullins vient clore dans la bonne humeur l'atelier et permet aux œuvres de résidents d'être vues, appréciées ou disséquées parfois, en tous les cas d'exister. Ce moment, souvent valorisant, est l'occasion pour les auteurs de parler de leur expression, de montrer leur création au plus grand nombre et de rencontrer les gens de l'extérieur (souvent impressionnés par la qualité) au travers de leur production personnelle ».

JEAN PAUL La laine trempée et la spatule sont utilisées. Des masses de couleurs complètent l'ensemble.

LUC La base du travail repose sur un fond en couleur. Des ballons sont représentés puis le fond est repris avec de l'encre noire.

CLAIRE Elle s'écarte du dessin et se tourne vers de la représentation abstraite. Les figures sont réalisées avec un bâton trempé dans l'encre sur de la toile humide

PASCALE La peinture est orientée vers l'abstrait. Le travail révèle une certaine gestuelle. Une toile est réalisée au pastel avec de l'encre acrylique.

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Emerveillons nous avec Anne Barbara del UNTO JEAN PAUL Les toiles représentent souvent des papillons et des fleurs. Les répétitions sont en relation avec le temps (ronds, feuilles d'agenda). Les peintures sont réa lisées a p rès beaucoup de réflexion et de discussions.

« Approchez-vous, étonnez-vous et émerveillezvous devant les peintures et autres œuvres que ces artistes vous proposent. C'est avec un immense plaisir qu'ils vous donnent un morceau de leur spontanéité, de leur intuition et de leur faculté à aborder les couleurs, les volumes. . . Chaque œuvre exposée fait la part de l'imaginaire de son créateur: des reflets de vie en couleurs, avec les émotions et les préférences de chacun ». Le support artistique permet aux peintres du foyer Le Tremplin, une ouverture de l'esprit et des facultés d'expression.

3 2 Les ateliers d'arts plastiques des Foyers d'hébergement de l'Ile Barbe Rencontre des animatrices Madame Christine LAMBERET, assistante médicopsychologique, accompagne, au Foyer d'hébergement de l'Ile Barbe, l'activité artistique (dessin, peinture, arts plastiques) des résidents. Madame Nathalie ANDRY, est à la fois art-thérapeute (mais intervient peu à ce titre au foyer) et plasticienne. Elle anime l'activité peinture, dessin, arts plastiques au foyer d'hébergement de l'Ile Barbe depuis 2 ans, et intervient également dans d'autres institutions pour handicapés mentaux. Nous leur donnons la parole.

a) Déficience mentale et activité artistique CLAIRE La peinture est projetée sur la toile avec beaucoup d'eau; les jets sont organisés. Elle dépense beaucoup d'énergie. La réalisation reflète ses sautes d'humeur...

Quelques commentaires de la part des artistes CLAIRE Je considère la peinture comme un amusement. Je m'active beaucoup. Je fais également de l'escalade. JEAN PAUL J'ai commencé la peinture au Tremplin. PASCALE J'ai débuté la peinture cette année. Je travaille très vite et je peins beaucoup de toiles. JEAN PAUL Je développe en à côté une activité jardinerie; cela m'aide dans ma peinture.

La création artistique est l'expression d'une pulsion de vie ; cette expression est nécessaire, et notre société, très intellectuelle, l'inhibe ou la bloque souvent dès que l'enfant grandit. Un tel blocage existe moins chez les personnes déficientes mentales, qui, moins « intellectualisées », ont une plus grande spontanéité dans l'expression artistique. La « chaîne » de la création artistique comporte plusieurs étapes successives : [ l'impulsion première, [ l'action, [ la production, [ la relation (avec le regardant, notamment à l'occasion des expositions).

b) Choix de l'expression artistique Le choix de telle ou telle expression artistique est un choix libre du résident. Educatrice et animatrice peuvent l'aider, le conseiller, le motiver en vue d'une activité créatrice, mais celle-ci ne saurait en aucun cas être imposée (dans ce cas, l'essai est voué à l'échec). Une technique étant choisie, l'animatrice doit aider le

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résident à s'exprimer en le valorisant, et c'est dans cet échange animatrice/résident que s'établit une inter-relation forte entre l'un et l'autre. A la question de savoir si l'âge ou le degré de déficience mentale peuvent intervenir en matière de créativité artistique, éducatrice et intervenante répondent :

[ la créativité n'est pas fonction de l'âge (elle existe aussi bien chez les personnes handicapées plus âgées que chez les plus jeunes) ;

[ ce sont les handicapés mentaux dont la déficience est importante qui sont souvent les plus motivés pour la création artistique, qui les valorise et compense d'une certaine manière leur moindre autonomie ».

C)Effets de la création artistique sur la personnalité des handicapés mentaux Les effets favorables sont nombreux :

[ La progression des aptitudes techniques chez les résidents qui inscrivent leur activité artistique dans la continuité améliore la qualité de leur relation avec les autres, car ils se trouvent valorisés.

[ On observe souvent une transformation de la personne : ce qui était maladresse et échec dans les gestes quotidiens de la vie peut devenir source d'une reprise de confiance en soi (le « négatif » - tache sur un dessin ou une peinture, geste maladroit - est « utilisé » de façon positive à l'aide d'une transformation du support par rapport à son orientation initiale). L'animatrice aide le résident à sortir de la répétitivité, de la routine : tel résident qui dessine sans cesse des petites fleurs apprend à les présenter autrement (découpages, collages).

[ Le regard de l'autre, s'il n'est pas la motivation première de l'activité artistique et s'il n'intervient qu'en bout de chaîne, n'en est pas moins important au plan de la relation de l'artiste avec l'autre. On rappelle à ce sujet que nulle création artistique des résidents n'est exposée sans l'accord de son auteur. Evitons, nous les « regardants », de vouloir interpréter l'œuvre exposée : nous cherchons souvent telle ou telle symbolique d'expression collective à la lecture d'un tableau, d'une sculpture, mais la symbolique individuelle nous échappe ; tout au plus pouvons-nous aider l'auteur à se lire lui-même (on note la prédominance de couleurs sombres sur un dessin, sans expliciter une interprétation de ce choix de couleurs ; on aide ainsi l'auteur à se repérer : « je n'étais pas en forme ce jour là »; « il faisait triste dehors ». ..)

d) le binôme éducatrice/plasticienne

d'autres sont un peu déstabilisés lorsque l'éducatrice n'est pas là. Cet accompagnement à deux de l'activité de création artistique des résidents est un élément important de l'aspect relationnel de cette création.

e) Conditions particulières de réalisation dans un foyer d'hébergement On ne doit pas oublier qu'à la différence de ce qui se passe pour les Foyers de Vie et les Accueils de Jour, les résidents des foyers d'hébergement ne peuvent participer à l'activité d'un atelier qu'après leur journée en CAT et que celle-ci a pu être un peu fatigante. « C'est dur parfois d'aller à l'atelier…. Il y a des jours où l'on aimerait mieux rester dans sa chambre ou regarder la télévision... ».

Rencontre de quelques résidents participant aux ateliers de peinture des foyers d'hébergement de l'Ile Barbe. B. participe depuis longtemps aux ateliers de peinture, et ses tableaux ont été sélectionnés pour plusieurs expositions,mais aussi pour le calendrier 2000 et les cartes de vœux de l'ALGED. Ses activités au sein de l'atelier sont diverses (dessin, peinture, collages …) « J'aime représenter des personnes, surtout des bébés. Quand on m'a demandé comment je voyais la ville, j'ai peint un handicapé traversant une rue sur son fauteuil roulant à un passage protégé ». CM. a repris l'atelier de peinture depuis 3 ans et a exposé à Caluire, et lors du concours qui a eu lieu à Hélène RIVET. « J'aime peindre ou dessiner des fleurs, des maisons, des personnes »….« Le tableau que j'ai peint pour les cartes de vœux est resté au CAT . Il me manque »… « Ce que j'aime à l'atelier, c'est quand on commence, qu'on a une idée et que le tableau est à faire ». Y. est, comme B., un ancien des ateliers de peinture. Il a participé à de nombreuses expositions, y compris celle de la Sorbonne à Paris ; « J'aime la couleur »… « J'aime reproduire le tableau d'un peintre »… «J'aime la nature, la lumière, et j'essaye de les peindre»… « Le calendrier 2000, les cartes de vœux, ça me plait d'y travailler ». MP. avait envie de dessiner et de peindre depuis longtemps, et elle commence sa participation aux ateliers de peinture. « Ça me permet de voir ce que je fais et ce que font les autres ».

3 3 Les ateliers d'arts plastiques au Foyer de Vie Pierre HEDIARD

Certains résidents travaillent avec la plasticienne seule;

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Le Foyer de Vie Pierre HEDIARD a ouvert ses portes il y a deux ans. Il n'y a pas eu de structuration des activités artistiques dans la période initiale de fonctionnement du foyer, mais seulement une animation « au jour le jour » de ces activités. C'est seulement depuis cette rentrée de l'automne 2004 que, le projet personnalisé aidant, a pu être établi un programme d'activités de création artistique, en tenant compte des désirs exprimés par les résidents, de leurs goûts et de leurs aptitudes.. Madame AOUDIA, chef de service du Foyer de Vie, et Madame AUDY, éducatrice, insistent sur plusieurs points : [ Cette activité de création des résidents n'est pas seulement utile, elle est indispensable. [ Il ne s'agit pas là d'une activité seulement occupationnelle mais véritablement créative. [ Cette activité joue un rôle capital dans la relation, qu'elle suscite et stimule : H entre résidents, à l'intérieur du foyer, H entre éducateurs et résidents, H entre résidents et personnes extérieures au foyer (familles, amis …). [ Enfin cette activité représente un temps important non seulement au plan qualitatif mais aussi quantitatif: dans le « semainier » des résidents activités artistiques structurées et activités de création libre totalisent pour chaque résident 10 à 15 heures par semaine. Quel est le pourcentage de résidents qui ne participent pas aux activités artistiques ? Ce pourcentage n'excède pas 20 à 25 % selon nos interlocutrices (cette absence de participation n'étant d'ailleurs pas définitive;: on peut garder l'espoir d'intéresser et de stimuler les résidents qui, à l'heure actuelle, ne participent pas). Il est à noter que, pour certains des résidents « non participants », la lassitude intervient à l'origine de leur retrait : « on a assez travaillé quand on était

au CAT ; on est fatigué ». Le catalogue des activités pour lesquelles une animation est d'ores et déjà mise en œuvre, ou prévue pour un avenir proche, est le suivant : [ mosaïque, [ dessin et peinture, [ création de maquettes, [ poterie et modelage, [ atelier bois, [ art culinaire. Un certain nombre de points sont soulignés par Madame AOUDIA et par Madame AUDY concernant le concret des activités de création artistique dans un foyer de vie : [ L'animateur(rice) doit parfaitement maîtriser la technique qu'il souhaite voir le résident utiliser, sinon son action est vouée à l'échec ; cette parfaite maîtrise impose une pratique régulière de cette technique (et, parallèlement, il importe que le résident soit incité à la continuité dans son activité artistique) [ La personne déficiente mentale n'est pas directement intéressée par le regard de l'autre sur son oeuvre (il serait d'ailleurs bon que nous, les personnes « normales », nous évitions, devant l'œuvre réalisée, tout commentaire d' «évaluation», et plus encore tout essai d'«interprétation »). [ Le plaisir que prend le résident à sa création artistique est un élément important de sa motivation. Ce plaisir « pour soi » peut se doubler d'un plaisir de don (« je fais ce dessin, ce tableau pour la fête des mères »). [ Dans un foyer de vie, l'accompagnement des résidents est plus lourd que dans un foyer d'hébergement ou un accueil de jour; cet accompagnement lourd laisse moins de temps, moins de liberté d'esprit aux éducateurs pour l'animation des activités artistiques.

[ L'activité artistique peut être stimulée voire suscitée à

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p a r t i r d u « rêve » : on rêve de la bouillabaisse marseillaise, et par étapes, on passe du rêve à sa concrétisation («voyage bouillabaisse »).

3 4 Les arts plastiques à l'Accueil de Jour de l'Ile Barbe Nous avons rencontré à l’accueil de jour (AJ) de l'île Barbe Dominique GROLET, éducatrice spécialisée, et Stéphanie REVILLOD, stagiaire en formation. Celles-ci soulignent d'emblée la place très importante de l'activité artistique dans un accueil de jour : cette activité représente un support essentiel dans le quotidien des personnes accueillies à l'AJ. Cependant, celles qui sont le plus en difficulté ont du mal à participer à une activité d'atelier régulière : présentes dans le lieu de vie, elles se situent à la périphérie du groupe artistique (et non à distance de lui).

correspondante. Il(elle) est un guide, non un supérieur. L'activité créatrice a des effets favorables sur la personnalité. Elle aide la personne accueillie à mieux repérer son identité, et à mieux situer l'autre dans sa différence (on peut parler, sans qu'il soit question ici d'art-thérapie, de la dimension «soin» de l'activité artistique). La personne handicapée se sent parfaitement libre dans sa création; elle n'est bloquée par aucune « convention » dans son choix des couleurs, ni en ce qui concerne l'harmonie de leur juxtaposition. Et elle apprécie beaucoup l'atmosphère calme de l'atelier. Le regard des autres est important. Il n'est jamais négatif : on n'entend jamais un résident critiquer le tableau d'un autre, lui dire qu'il est « moche » ou « raté ». Les éducateurs(trices) encouragent ce regard, qui

A l'Accueil de jour de l'Ile Barbe, les arts plastiques pratiqués sont la poterie et le modelage, la peinture sur supports divers (papier, vêtements de poupée, tissus de grandes dimensions…), fabrication de poupées en papier mâché (le support est ici une bouteille en matière plastique). Nous pouvons admirer sur place certaines d e c e s créations. Les activités sont proposées aux personnes accueillies en tenant compte de leur projet personnalisé; il a r r i v e quelquefois q u ' u n e personne qui n'a pas choisi spontanément une activité soit inscrite par l'éducatrice à titre d'essai dans un atelier, et que l'essai se révèle un succès. L'accompagnement repose ici sur le partage, et ce partage n'est possible que si l'animateur(trice) est lui (elle) même motivé(e), et maîtrise la technique

aide le résident à reconnaître l'autre. Les expositions sont vécues comme un grand moment de reconnaissance de l'œuvre réalisée : chacun se souvient ici de l'exposition présentée à la Sorbonne, et visitée par les plus hautes autorités de l'Etat. Enfin, il est important de noter que, ni l'âge, ni les conditions de séjour des personnes accueillies à l'AJ (à temps plein, ou à mi-temps AJ-CAT) ne paraissent intervenir dans leur potentiel créatif.

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