La conduite de l’alimentation du poulet de chair en climat

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La conduite de l’alimentation du poulet de chair en climat chaud Mots clés : volaille, poulet de chair, alimentation

La pression économique mondiale a modifié fortement la physiologie et la morphologie des poulets de chair, ainsi que les densités en élevage. Cela conduit à rendre le problème d’excès de température pratiquement général et provoque un ralentissement de la croissance. Auteur(s) : Alain Huart et collaborateurs Date de publication : 2004 Catégorie(s) : Élevage et pêche Province(s) : K  inshasa • Bandundu • Équateur • Province Orientale • Nord-Kivu • Sud-Kivu • Maniema • Katanga • Kasaï-Oriental • Kasaï-Occidental • Bas-Congo Partenaire(s) : Centre agronomique et Vétérinaire tropical de Kinshasa Nombre de pages : 4 Identification : F-EP-A5-4

Cet article propose des adaptations pour réduire le temps de consommation, l’activité physique d’ingestion et la production de chaleur. Choix des aliments, étude du comportement alimentaire du poulet et de son abreuvement sont abordés.

La forte pression économique mondiale exercée pour améliorer les performances d’élevage et de découpe des poulets de chair (broiler) a modifié fortement la physiologie et la morphologie de ces animaux. L’augmentation rapide de la croissance malgré la réduction de l’indice de consommation accroît fortement ses capacités d’ingestion d’aliment et donc la nécessité d’évacuer les calories produites par la digestion et l’utilisation métabolique de l’aliment. Dans le même temps, l’amélioration de la conformation a rendu le broiler plus compact, ce qui réduit la surface d’échange thermique avec l’extérieur. Cette pression économique conduit aussi à augmenter les densités en élevage, ce qui a pour conséquence de rendre le problème d’excès de température pratiquement général dans les élevages et en période de finition : la croissance est souvent ralentie du fait de l’excès de température provoqué par le fort dégagement de chaleur dû aux animaux et à la fermentation de la litière. Ainsi la température idéale pour la croissance des broilers est de 16 – 18°C, ce qui n’est évidemment quasi jamais le cas en République Démocratique du Congo.

Les recherches récentes sur la nutrition en période de chaleur font apparaître que :

rechercher des souches mieux adaptées aux problèmes de chaleur.

•L’augmentation énergétique des régimes par la matière grasse n’apporte pas d’amélioration significative de la performance malgré la faible extra chaleur des matières grasses.

Le succès de l’élevage de coquelets à Kinshasa et dans le Bas-Congo s’explique en partie par la meilleure tolérance de ces animaux à la chaleur en rapport à une croissance plus lente (poids adulte à 4,5 mois).

• Les taux protéiques élevés permettent de mieux lutter contre la chaleur. Ils compensent la réduction des dépôts protéiques et de la croissance. Pour mieux lutter contre la chaleur, il est nécessaire de modifier le profil des acides aminés. • Favoriser l’ingestion par une présentation en granules ou farine grossière. Les études de comportement alimentaire montrent que plus la préhension de l’aliment est facile, plus le temps de consommation et l’énergie dépensée pour l’ingestion de l’aliment sont réduits. Ces recherches montrent aussi que les souches de poulets « maigres » résistent mieux à la chaleur, et à haute température, elles transforment mieux les protéines et subissent moins le phénomène d’engraissement. Ce point est important car lorsque les conditions d’élevage ne peuvent pas être modifiées pour des raisons économiques, il est parfois préférable de

I. L  ES ADAPTATIONS EN ÉLEVAGE POUR LUTTER CONTRE LA CHALEUR L’objectif est de réduire le temps de consommation, l’activité physique d’ingestion et la production de chaleur.

Présentation de l’aliment Le granulé est une bonne solution. Cependant, cette technique est souvent onéreuse (coût d’énergie) et la baisse de qualité du granulé au travers des circuits de fabrication, transport, distribution entraîne la production de particules fines, un allongement des temps de consommation et des baisses de performances.

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La farine grossière : c’est la présentation la plus facile et la plus faible, la plus simple et la moins chère, à condition de bien maîtriser la technique de broyage pour limiter le pourcentage de particules fines (- de 0,5 mm). Ce type de farine peut contenir des grains entiers ou broyés très grossièrement.

En climat chaud, la qualité de l’abreuvement est déterminante dès l’arrivée des poussins. Des risques de déshydration des poussins au cours du transport sont courants.

La consommation du concentré est supérieure en granulés. Le temps de consommation est inférieur lorsque l’aliment est présenté en grains entiers et en granulés. Il y a un temps d’adaptation lors du passage à une nouvelle présentation du concentré (3 jours) : les changements de présentation de l’aliment pour un même lot sont donc à éviter autant que possible.

Dès réception, ils doivent disposer d’eau rapidement (1 point d’eau pour 70 – 80 poussins, 1 pipette pour 15 poussins). Pour favoriser la consommation, l’eau pourra être additionnée de sel, à raison de 2,5 g/1 d’eau.

Cet effet « présentation de l’aliment » est certainement un point important pour lutter contre les effets de la chaleur car il réduit l’énergie nécessaire à la préhension de l’aliment, et, d’autre part, il favorise le processus de digestion dans le tractus intestinal. Contrairement aux idées reçues, plus les particules ingérées sont grosses, meilleure est la digestion. (Voir tableau 1) Tableau 1 : Effet du broyage sur les performances

En conclusion : La granulation peut être une bonne réponse, mais, dans bien des cas, l’effet de granulation est annulé par le processus industriel (stockage, transport, distribution). Le meilleur compromis est obtenu par une farine grossière pouvant contenir des grains de céréales entiers et dont les particules fines peuvent êtres « collées » par l’adjonction de 2 à 4 % de matières grasses (huile de palme ou mélasse).

Comportement alimentaire du ­poulet Un des premiers effets des températures élevées est une réduction de la consommation. Cependant, le « broiler » n’a pas un comportement instinctif pour anticiper en limitant sa consommation avant les montées de température et il est donc nécessaire de l’éduquer en pratiquant le vide des mangeoires dans la période la plus chaude et dès la deuxième semaine. Ce vide pourra être pratiqué : • 1 à 2 fois entre 10 et 14 jours ; • tous les 2 jours entre 14 et 21 jours ; • tous les jours après 21 jours. La période de vide devra correspondre à la période de chaleur la plus intense et pourra s’étendre à 12 heures sur 24 heures. Cette technique met à la disposition des animaux de l’aliment frais et appétant et ceci conjointement à une présentation bien étudiée (farine grossière). 2 • Ecocongo

Le vide des mangeoires ou des chaînes est préférable au relevage du matériel d’alimentation car, dans ce cas, les fines particules, moins appétentes, s’accumulent,. Le temps de consommation est augmenté avec risque de gaspillage de l’aliment. Pour l’application de cette technique, les chaînes plates distribuant des farines grossières semblent un bon compromis. 1. L’abreuvement Ce point demeure le plus important pour lutter contre les problèmes de chaleur car pour compenser la déshydratation (par l’augmentation du rythme respiratoire), les poulets doivent augmenter leur consommation d’eau et, si la température de l’eau est élevée, il sera nécessaire d’éliminer ces calories excédentaires. L’augmentation de la température de l’eau a un effet négatif sur la croissance.

Présentation « farine finition » (après 21 jours) 10 – 15 % des particules < 0,5 mm 10 – 15 % des particules > 3,15 mm

La consommation augmente fortement avec la température. Si le rapport « eau/aliment » est de l’ordre de 1,75 – 1,80 avec des pipettes et 1,90 – 2,0 avec des abreuvoirs en température normale, ce rapport est fortement augmenté avec des températures voisines de 28–30°C. Ce rapport sera de l’ordre de 2,10 – 2,20 avec pipettes et > à 2,50 avec abreuvoirs. En conséquence, il est très important de mettre à la disposition des poulets un matériel d’abreuvement suffisant en nombre et de bien s’assurer que les débits (notamment pour les pipettes) soient suffisants : • en calculant la consommation journalière ; • en observant le comportement des broilers : s’il y a, en permanence, un grand nombre d’animaux aux pipettes ou aux abreuvoirs, cela signifie que le débit d’eau est insuffisant. Ce matériel devra aussi être réparti correctement dans les bâtiments pour limiter les déplacements, provoquant un stress durant la période de chaleur. (Voir exemple)

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Exemple : bâtiment de 10 m de large.

II. RECHERCHE DE COHÉRENCE ÉCONOMIQUE POUR L’ÉLEVAGE EN CLIMAT CHAUD Si la productivité des souches industrielles a fortement augmenté, les exigences de ces souches en matière d’environnement climatique sont aussi beaucoup plus grandes et dans certaines conditions économiques, il est parfois préférable d’utiliser des souches dont les capacités d’adaptation à la chaleur sont supérieures même si apparemment leur potentiel de croissance est inférieur. Les recherches effectuées sur le comportement et les performances en climat chaud ont montré que les souches maigres étaient plus efficaces. Même avec des aliments à bas niveau protéique, ces souches maintiennent un meilleur taux de croissance et de dépôt musculaire que les souches grasses.

La souche maigre est plus efficace à haute température que la souche grasse ou sélectionnée uniquement sur la croissance.

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